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Voyage au cœur de l’univers d’Andicha Sondakwa

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Artiste et cofondatrice de la Maison Andicha, Diane Picard, a pour mission de transmettre les arts et la culture huronne-wendat et celle des autres Premières Nations. Que ce soit au sein d’organismes communautaires, de sites culturels autochtones, du monde du spectacle ou de l’entreprise privée, les expériences de l’artiste sont de plus en plus nombreuses. 

Parlez-nous de vous !

Je suis née, non baptisée, à Wendake, descendante des chefs hurons-wendats Okouandoron et Taourenche. Je porte le nom de « Poids du jour », mais au fil des années, ce nom est devenu  « le petit coq ». En effet, quand je me réveille le matin, je prie pour « le petit coq », car il réveille la nation avec toutes les énergies. Je fais ces prières en le remerciant. Lors d’une cérémonie, j’ai reçu le nom de la femme spirituelle Andicha Sondakwa qui veut dire « La Lune de l’Aigle ». J’aimerais ajouter que ces communautés portent, aujourd’hui, le nom d’Autochtones et non d’Indiens.

Wendake, mon lieu de naissance, s’appelait à l’origine Huron. Elle est habitée par les Wendats : les « peuples de l’île » ou « habitants de la péninsule » et se situe à douze ou quinze minutes de Québec avec des communautés très développées et très contemporaines. Elle connait un développement touristique majeur : nombreuses sont les personnes qui viennent de tous pays pour visiter cette région. 

Aujourd’hui, à 72 ans, j’occupe plusieurs fonctions telles que : artiste, artisane, femme d’affaires et je suis directrice d’un groupe intitulé Les femmes au Tambour.

D’ailleurs, pouvez-vous nous présenter ce groupe ?

Les Femmes au Tambour de Wendake est un groupe artistique féminin qui offre des services de prestations artistiques au niveau local, provincial et international. Il a été fondé dans les années 2000, suite à une autorisation qu’une femme a reçue pour jouer avec le tambour-chef sacré, habituellement accordé seulement aux hommes. À la suite d’une rencontre, j’ai reçu un tambour et j’ai demandé sa bénédiction lors d’une réunion à 5h du matin, avec environ sept autres femmes. Ainsi, j’ai reçu mon nom : Ya Andicha qui veut dire « astre de lumière ». Et dès ce moment, les gens ont voulu jouer avec moi et je suis devenue la directrice du groupe en 2004. Les activités principales du groupe sont la spiritualité de cérémonies, de culture, de conférences, entre autres.

 

Pour quels genres de spectacles vous sollicite-t-on, de manière générale ?

Les spectacles prennent plusieurs formes. Il peut s’agir d’une prestation de trente minutes ou d’une participation à l’ouverture d’un festival. Parfois, les gens se présentent pour faire la prière ou même pour un spectacle d’une heure. La demande, quant à elle, se fait par courriel et l’équipe analyse un dossier répertoriant les besoins du client. Ainsi, les spectacles peuvent être composés de cinq à six artistes. Tout dépend du budget des clients.

 

Sur votre site Internet, on peut voir, à travers les photos, qu’il semble y avoir une vraie signification derrière les tenues, le maquillage, les coiffures. Quelle est-elle ?

Concernant les vêtements regalia, les gens font un tour des PAWA (un rassemblement festif auquel tout le monde peut assister). Chaque communauté définit sa propre date en fin de semaine pour faire des PAWA. En général, à Wendake, c’est le 1er juillet. Chez moi, c’est un bandeau et une coiffe perlée et c’est du cuir. On fait une toute petite fleur en couleur, mais avec le poil de porc-épic, symbole de respect. Parfois, c’est avec des plumes qui sont signe de respect. Lors des cérémonies, si quelqu’un perd sa plume, la fête s’arrête.

 

Qu’est-ce que tout cela vous apporte ?

Ces évènements sont importants, car ils procurent du bonheur et de la joie. En effet, on rencontre de nouvelles personnes qui viennent des autres communautés. Les artisans présentent leurs créations et donc, en plus de voir des gens, il y a des échanges commerciaux, du développement émotionnel, etc. Cela apporte également beaucoup d’enseignements pour la jeunesse ainsi qu’une grande ouverture sacrée.

 

Comment vous est venue l’idée de créer la Maison Andicha (avec ses divers ateliers et services) ?

C’est en raison de la demande. J’ai eu cette idée en constatant une publicité dans un département voisin, plus particulièrement, celle d’une dame qui a annoncé qu’elle faisait des bijoux et des capteurs amérindiens et, par la même occasion, apprenait aux gens à en faire. Je suis donc allée voir. Et quelque temps plus tard, je me suis lancée dans ce type de créations en me disant que je voulais les partager avec les enseignements spirituels. Pour ce faire, je me suis mise à apprendre à les faire et à les développer afin de transmettre leur signification.

Tout s’est développé à la suite des évènements. Grâce à une rencontre avec une voisine qui nous a donné des cours d’anglais, je me suis rendu compte qu’il y avait encore trop de préjugés sur les Autochtones et que j’avais donc le devoir de créer une ouverture pour les faire connaître.

Venez nous voir, venez chez nous, ne faites pas que de prendre des photos. Il y a beaucoup de communautés au Québec, pas qu’à Wendake. Il y a onze nations et plus de cinquante villages. Dans les livres, certaines choses sont authentiques et d’autres ne le sont pas.

 

Comment décririez-vous votre style, notamment pour ce qui est de la création de bijoux ?

Mon style est influencé par les animaux. On m’a appris que ce sont de beaux modèles. Par exemple, le modèle du castor à une grande signification pour les Wendats, puisque, grâce à cet animal, ils apprennent l’esprit d’équipe. Du coup, je mets de la peau de castor recyclée lorsque je donne des conférences.

*Diane Andicha récupère des parties d’animaux mutilées pour les recycler et les porter.

Quels sont les artistes (passés comme modernes) qui vous influencent ?

Je suis influencée par des artistes femmes et parmi elles, je peux citer Doina Balzer, fondatrice et directrice du MondoKarnaval.

 

Pourriez-vous évoquer des valeurs qui vous tiennent à cœur ?

Celles reçues dans ma propre communauté : d’abord, il y a l’honnêteté avec soi-même et avec les autres. Le respect est en première place ; l’humilité de comprendre qu’on n’est pas la puissance suprême, mais bien un grain dans l’Univers. J’associe ma puissance avec celle d’un tsunami, la nature est encore plus puissante que les humains. On a la puissance de la spiritualité, la religion. Je fais attention à garder mon humilité plus que ma puissance. Enfin, il y a le partage.

 

Quelle est votre plus grande fierté au sein de votre groupe et/ou de la Maison Andicha ?

C’est d’être reconnu comme un peuple fier, un peuple divin et que les gens aient du respect pour les peuples qui constituent l’une des Premières Nations.

 

Parlez-nous de vos projets ! Entre participation à une pièce de théâtre et à un film, où en êtes-vous à l’heure actuelle ?

D’abord, je remets le pied dans les canaux car, avec la Covid, il y a eu un arrêt important. Je compte faire des vidéos clips avec de grandes organisations, mais aussi de la musique en nature, de la télévision, des entrevues. Le premier objectif est aussi de participer à des projets pour être plus et mieux connu.

 

Si nous vous disons : « art et peuples autochtones »…

L’art a toujours été naturel chez les peuples autochtones. Le territoire, c’est une image ; c’est nous qui lui donnons la compréhension de qui nous sommes.

 

Site web : www.andicha.com

 

En collaboration avec Amel Madjoudj 

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