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Tarik Kiswanson de l’autre côté du miroir

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Jusqu’au 24 Octobre à Nîmes, le musée Carré d’art expose la collection de Tarik Kiswanson intitulée Mirrorbody. L’exposition rassemble des œuvres qui abordent des questions de déracinement, de transformation, de mémoire et de temps. Les œuvres oscillent entre différents domaines, figuratif et abstrait et explorent la condition humaine.

 

L’artiste Tarik Kiswanson propose jusqu’au 24 octobre 2021 une exposition intitulée Mirrorbody au musée Carré d’Art de Nîmes. Cet artiste suédois – né en 1986 après que ses parents ont émigré de Palestine – touche à tous les arts dans toutes leurs formes : écriture, performance, son, dessin, vidéo. L’exposition Mirrorbody est une exposition multiforme qui en quelque sorte rassemble l’œuvre d’un artiste divisé, donnant une collection étonnante et hybride qui interroge le thème de l’identité.

Le cabinet des curiosités de Kiswanson

Les sculptures de Tarik Kiswanson nous déconcertent. Elles jouent sur les reflets pour nous renvoyer notre propre image : le spectateur regarde l’œuvre mais se regarde aussi lui-même dans le reflet, comme devant un miroir. On y voit notre image multiple et fragmentée.

Les installations de l’artiste nous intriguent. Gros blocs d’acier en forme de chrysalides géantes, les étranges sculptures peuvent évoquer le passé, tel un meuble conservant des archives, ou bien le futur, tel un cocon qui va se développer…

L’utilisation de la vidéo nous émerveille. En jouant sur le slow-motion et en montrant un temps précis, qui se dilate au ralenti, la vidéo retranscrit toute la grâce et la fluidité d’un mouvement.

Mirrorbody est une exposition qui fait tout le temps dialoguer le présent avec le passé, comme pour faire remonter le souvenir à la surface. Toute œuvre présentée est un métissage de plusieurs mémoires qui se croissent et s’entrelacent comme les fils d’un tissage, le long des différentes salles de l’exposition. Mirrorbody est en fait un parcours dans la vie de l’artiste, marquée par le choc culturel dû au changement de pays, et reflète toutes les différences et les nouvelles valeurs créées entre l’espace quitté et l’espace adopté.

« Je est un autre »

Derrière les œuvres d’art, Mirrorbody interroge le thème de l’identité, plurielle et mouvante. L’artiste se rapproche de ce que dit le philosophe Edouard Glissant lorsqu’il parle d’« identité rhizome » : L’identité a de nombreuses racines et forme un réseau complexe et c’est pour ça qu’elle est difficilement saisissable. La vie humaine est loin d’être fixe, unique et écrite à l’avance. L’homme se construit tel un rhizome en puisant dans plusieurs cultures, dans diverses inspirations, dans de nombreux réseaux…

C’est ce mouvement et cette malléabilité que réussit à traduire Kiswanson à travers son exposition : l’homme évolue et forme un ensemble hétéroclite.

L’artiste cherche à nous dire qu’il faut accepter son opacité, son flou et l’ incompréhensible qui nous traverse car il fait partie de notre « identité rhizome »… Ne pas vouloir être que transparent mais aussi assumer cette part d’ombre. Accepter ce qu’on ne comprend pas d’emblée : n’y a-t-il pas là également une définition de ce qu’est l’art contemporain ?

Autoportrait

Mirrorbody est une petite curiosité intrigante dans laquelle Tarik Kiswanson cherche un sens à son identité.

L’exposition actuellement présentée au Carré d’art de Nîmes est une exposition qui explore le for intérieur de l’artiste, qui prend vie et s’incarne dans les différentes œuvres d’art.

Elle revêt alors un sens trouble, toujours glissant, fuyant pour le visiteur. Le mélange des disciplines artistiques donne le sentiment d’une œuvre disparate, l’exposition est un moyen pour l’artiste de s’exposer lui-même.

En déambulant à travers les salles, le spectateur donne vie à ce puzzle humain et peu à peu parvient à comprendre toute la complexité de la vie de l’artiste… de l’autre côté du miroir

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