
Quand il s’agit du nuage de coton que j’arbore fièrement sur ma tête, je suis très exigeante car c’est devenu ma marque de fabrique. Mes cheveux bouclés/frisés m’ont permis, il y a quelques années, d’exercer mon « black » woman power et de délier pour ensuite rapidement lier les langues des personnes qui cherchaient à l’époque à me confiner dans certains groupes comme celui des personnes qui ont des coiffures décrétées non professionnelles : les locs, les cheveux crépus ou colorés, la demie-tête rasée ou half hawk, …
D’ailleurs, dites-moi, en quoi le nombre et la nature des cheveux qu’on a sur la tête peut nous faire décrocher un boulot ?
« Question pertinente! », diront certain.e.s et « Excellente question! », rétorqueront d’autres.
Je ne parle pas au nom de toutes les femmes, kamites entre autres, mais je pense que l’on ne devrait plus en débattre au 21e siècle. Oui, car pourquoi je devrais encore, aujourd’hui, faire tout pour qu’on accepte mes cheveux NATURELS ? Pourquoi dès l’instant que je fais péter l’afro, il y a une différence certaine qui se fait ressentir au point de créer un malaise de part et d’autre ?
Cette différence, ce n’est malheureusement pas uniquement le fruit des caucasiens. Non! Certaines femmes – et même des hommes – kamites, elles-mêmes ont du mal à accepter la « crépitude » de leurs cheveux. Elles se parent des plus coûteux rallonges de cheveux lisses ou sont des adeptes fidèles du défrisage – vous savez, ce produit qui change la texture des cheveux à l’aide de produits chimiques et qui dure de 6 à 12 semaines et qu’il faut donc réutiliser régulièrement.
Je ne suis pas, par contre, extrémiste, hein ! Je fus une de ces femmes, avant 2010, qui lissait ses cheveux et aujourd’hui encore, je mets des mèches pour protéger mes tifs de la cassure que pourrait provoquer le climat, par exemple ou juste pour pouvoir me reposer pendant un certain temps des soins qui demandent souvent du temps pour moi qui court après celui-ci. Lissage, défrisage, greffage, etc. : ce sont des choix personnels que je respecte tant qu’ils ne viennent pas entraver verbalement ou non ma liberté de porter mes cheveux au naturel.

Donc, notre (nous, femmes et hommes) perception des cheveux bouclés/frisés doit d’abord changer.
Par ailleurs, j’aimerais pointer du doigt le fait que mes cheveux bouclés/frisés défiant la gravité fascinent au point où les gens veulent y poser leur main. On dirait un aimant. Je ne blâme pas, en partie, celleux-là qui le font car justement si la « crépitude » avait connu une bonne visibilité surtout dans les médias, elle ne susciterait pas autant de curiosité. Mais est-ce normal de toucher les cheveux de quelqu’un sans lui avoir demandé au préalable ?
Solange Knowles l’avait chanté dans Don’t Touch My Hair ft. Sampha pour justement évoquer les difficultés auxquelles pouvaient faire face les femmes eu égard à la nature de leurs cheveux : « Ne touchez pas mes cheveux, alors que ce sont les ressentis que je porte, ne touchez pas mon âme, quand c’est le rythme que je connais, ne touchez pas ma couronne (…) ils ne comprennent pas, ce que ça représente pour moi, là où on l’on choisit d’aller, là où nous avons été pour savoir (…) Vous savez cette chevelure est mon truc, j’ai fait la balade, j’y ai consacré du temps, mais celle-ci est à moi ». La chanteuse a su bien faire passer le message, à la fois avec douceur et puissance.
J’aime manipuler mes cheveux chaque soir ou faire des soins à toutes les semaines mais je hais qu’on les touche surtout sans ma permission.
Et vous aimez-vous qu’on mette la main dans vos cheveux sans vous demander ?