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Shane Vanderwall

Quand un jour une vieille connaissance lance un appel à l’aide pour « fournir » le site web de son magazine, mon amour inébranlable pour les mots et un vieux rêve de devenir reporter se réveillent. Ajoutés à mon amour toujours grandissant de Munich, et ses nombreux artistes de rues qui font vivre la ville chaque été, je lui propose le sujet.

Ni une ni deux, puisqu’il tombe des cordes et je ne peux aller directement à la rencontre des artistes qui pullulent en général vers Odeonsplatz ou Marienplatz, je fouine sur internet a la recherche de musiciens. Je découvre vite Shane. Une vidéo en particulier a été vue presque deux millions de fois, et pour cause… Je ne suis pas spécialement très reggae, mais mes yeux et mes oreilles sont captivés. Une voix douce, une guitare, il n’en faut pas plus pour que je tombe sous son charme naturel.

Très vite, j’entre en contact avec Shane. On se fixe rendez-vous quelques jours plus tard, dans le magnifique aéroport de Munich (9ème meilleur aéroport du monde, s’il vous plait), alors qu’il va chercher son frère qui arrive d’Italie et qu’il n’a pas l’occasion de voir souvent.

La famille est importante pour lui, mais pas seulement. Shane tient aussi beaucoup a son pays d’origine et évidemment, la musique a une place particulière dans son (très grand) cœur.

Au Sri Lanka, la vie n’est pas facile. Issu d’une famille pauvre, il doit étudier et travailler, parce qu’il faut faire rentrer de l’argent. Malgré ça, il chante pour l’église et plus tard apprend à jouer de la guitare, puis intègre un célèbre groupe Sri Lankais, Exodus, en tant que chanteur et pianiste. Deux ans plus tard, en 1998, il monte son propre groupe Living Spirits. Ils jouent dans les meilleurs bars et clubs du Sri Lanka et en Europe jusqu’en  2002. Puis il voyage seul en Europe afin de se lancer en solo. Il y a 5 ans, sans papiers, sans travail, sans logement, il passe par la case rue. « C’était difficile », me dit-il, presque en souriant. Poussé par un chanteur de rue qu’il connait a peine, il s’y met aussi, et en 2011, une vidéo mise en ligne sur Youtube fait un tabac. Aujourd’hui il revient des États-Unis, où il a enregistré son premier album.

Il aime bien jouer à Bern, en Suisse. À Nice, en France, c’était sympa aussi. Mais ce n’est pas toujours très facile. Aux États-Unis, on ne prête pas attention aux musiciens dans la rue, et à Nuremberg, en Allemagne, une organisation Roumaine illégale met des bâtons dans les roues à de nombreux artistes. À Munich, il faut passer des auditions, qui sont dirigées par des gens qui n’y connaissent rien en musique. Mais ça ne le freine pas. Il joue toujours dans la rue et se bat pour faire arrêter l’organisation Roumaine à Nuremberg. Une pétition a été mise en ligne.

L’image contient peut-être : 1 personne, sur scène, joue d’un instrument de musique, concert et nuit

Pas de rêve de strass, de paillettes, de célébrité. Il a les pieds sur terre, et la tête… dans la musique. S’il peut en vivre tant mieux, mais le plus important est de pouvoir en jouer, de partager cet amour pour la musique avec un public, qu’il soit dans la rue, un bar ou la scène d’un festival. La rue, c’est un public spécial. « Quand tu vas voir un concert, tu vois à peine le chanteur, tu écoutes la musique, un peu plus fort qu’à la maison, c’est tout. Dans la rue, avec les gens, il y a cette connexion. Les gens s’assoient, m’écoutent, et il y a un truc qui se passe. C’est un échange. Et il n’y a qu’ici que tu peux faire écouter un même morceau a des gens très différents. » S’il a pu faire plaisir à quelques personnes grâce à sa musique, alors il se couchera heureux. Il me parle de feeling, de s’adapter à la réaction des gens, de jouer ce qu’on lui demande si ça peut faire plaisir à quelqu’un. On est loin des discours des chanteurs businessmen. Bien sur, s’il arrivait à percer, il ferait des grandes scènes, mais je crois sincèrement qu’il parlerait beaucoup au public et qu’il reviendrait régulièrement sur des scènes plus petites.

Shane ne me parle pas de sa carrière musicale comme un but à atteindre coûte que coûte. Par contre, la musique et le Sri Lanka, comme je l’ai dit, comptent beaucoup pour lui. Chaque année, bien qu’il ne roule pas sur l’or, il envoie la moitié de ce qu’il gagne au Sri Lanka et est parrain de 4 petites filles. L’agence de voyage qu’il vient de créer propose de vous faire découvrir le pays, et il a un projet qui lui tient a cœur: créer sur place une école de musique.

Shane vous envoûte à coups de guitare, d’émotion, de reggae, son reggae. Ne voyez pas en lui un deuxième Marley : Shane fait sa musique à sa propre façon. Il transmet cependant le même amour de la musique, de la vie, des gens. Je vois presque le slogan Peace and Love flotter au dessus de sa tête. Si vous aimez la musique non pas pour la performance mais pour les vibrations qu’elle vous donne, si vous préférez les personnes qui pensent plaisir de jouer et jouer pour le plaisir plutôt que vendre des millions quitte a faire de la merde, si vous préférez les artistes sincères aux truands des immenses salles de concerts… alors laissez vous porter par Shane.

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Je finirais par quelques mots très personnels : comme Shane, j’ai vécu des moments très difficiles. J’aime d’autant plus les personnes comme lui parce que souvent, celles qui ont souffert et s’en servent comme une force pour avancer plutôt que de punir le monde entier, sont les personnes les plus ouvertes de cœur, les plus à l’écoute des autres et les plus à même à ne pas juger autrui. Ces personnes la ont une place particulière dans mon cœur, parce qu’elles le font vibrer plus que personne.

Bien que Shane ne soit pas porté uniquement sur Bob Marley (il aime aussi beaucoup John Lennon par exemple) il semble qu’un peu de l’un vive dans l’autre. Et même quand tu n’y connais rien en reggae, en l’écoutant pour la première fois, tu ne peux pas penser autre chose que « Holy shit, Bob is back! » Shane est une bouffée d’oxygène pour vos oreilles et votre cœur, alors n’hésitez pas: écoutez le et laissez vous porter par sa musique.

 

Site web : www.shanevanderwallmusic.com

Barbara Vasseur (France – Allemagne)

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