En plus de sa formidable collection d’instruments, le Musée de la musique de la ville de Paris présente chaque saison des expositions temporaires. Après Charlie Chaplin, l’homme orchestre et Les musiques de Picasso, le musée propose depuis l’automne dernier un voyage au cœur de l’univers du chanteur français le plus énervant. Une Putain d’expo dédiée à Renaud, il était temps !
Un père venant d’un milieu intellectuel et une mère issue d’une famille ouvrière de classe populaire. C’est de ce métissage que naît Renaud, auteur, compositeur et interprète français. Qualifié d’artiste engagé, le chanteur revendique ses convictions politiques, antimilitaristes ou encore écologistes. « Militant du parti des oiseaux »[1] il commence à chanter dans les années 70 et connaît une heureuse carrière jusqu’à ce que sa santé l’emporte loin de la scène. Ces dernières années, Renaud fait son grand retour avec les deux albums Renaud (2016) et Les Mômes et les enfants d’abord (2019).
Conçue par Johanna Copans et David Séchan, le frère du chanteur, Putain d’expo dévoile, avec poésie, une chronologie croisée des œuvres et de la vie de Renaud. Le spectateur découvre en chanson une jeunesse révoltée, rythmée par les événements de Mai 68, les premières amours de l’artiste, sa paternité et enfin sa préoccupation grandissante pour le temps qui passe… Le parcours est habillement mis en scène par Gérard Lo Monaco, à qui Renaud doit la scénographie de plusieurs de ses concerts : les décors foisonnent et le spectateur, tantôt immergé en pleine banlieue parisienne, tantôt bercé dans un univers enfantin et attendrissant, voyage dans la vie de l’artiste. L’exposition est également abondamment documentée : textes et dessins originaux, photographies et archives audio-visuelles, lettres personnelles ou encore l’iconique blouson en cuir, tout est là pour nous donner l’impression d’être au plus près du chanteur.
Le système d’audio-guidage s’est quant à lui révélé inefficace… Le matériel, défectueux, est inutile puisqu’une bande sonore accompagne le parcours, de façon parfaitement audible sans audio-guide tout au long de l’exposition. Ce dysfonctionnement d’un outil de toute façon superflu est donc le seul bémol à noter pour cette rétrospective.
Putain d’expo s’est malgré tout révélé être une grande réussite. Adoptant un angle d’approche basé sur l’immersion (presque) totale du spectateur dans l’univers du chanteur, l’expo nous propose une véritable balade nostalgique et intergénérationnelle. Nous voilà rassurés, il est toujours debout ![2]
Bande annonce de l’exposition, Philharmonie de Paris
Initialement prévue jusqu’au 2 mai, mais temporairement fermée pour cause de confinement, cette grande rétrospective est finalement prolongée jusqu’au 7 novembre 2021. Alors, qu’est-ce que vous attendez ?
[1]Déserteur, 1983
[2]Toujours debout, 2016