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Portrait d’autistes | Le militantisme de Patricia Dy

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Patricia milite pour donner une voix et une visibilité aux personnes autistes comme elle.

 

Le deuxième volet des artistes, artisan.e.s et entrepreneur.e.s autistes rencontrés le 26 août dernier au salon organisé par Aspis-Rencontres.

En un beau dimanche d’octobre, Patricia Dy et moi nous nous sommes entretenues via Zoom sur la mission qu’elle a faite sienne : militer pour la cause des personnes autistes.

Patricia était tout sourire ce matin-là bien qu’elle venait tout juste de se remettre d’un « effondrement ». Un effondrement qu’elle a très bien expliqué sur les réseaux sociaux afin de démystifier ce que vit une personne autiste. Car, en plus d’être une artiste (art numérique), elle parle de son parcours de personne neuro-divergente à tous ceux et toutes celles qui veulent bien l’écouter. Et puis non, Patricia n’a pas l’air autiste. Du moins, pas à l’image stéréotypée que la société se fait. Elle l’a, d’ailleurs, entendu bien trop souvent. Il faut se rappeler que depuis quelques années, on parle de spectre autistique. Il y a les traits communs qui permettent un diagnostic approprié et il y a, ensuite, toutes les différences inhérentes à chaque personne.

Patricia a travaillé quinze ans comme préposée aux personnes handicapées dans une école secondaire ; elle accompagnait des jeunes dans les moments les plus difficiles et cela, bien avant qu’elle reçoive elle-même un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme (TSA) . Comme bien d’autres, elle avait eu des diagnostics erronés. « Les femmes asperger sont plus caméléons », me dit-elle, elles apprennent sans comprendre les comportements « acceptables », mais elles ne sont pas plus « acceptées » pour autant. Elle m’explique que l’on associe « l’effondrement ou l’appel à l’aide » à des crises. Selon elle, ces jeunes personnes vivent des moments difficiles, ne se sentent pas comprises, subissent des traumatismes et lorsqu’il y a un trop-plein, elles réagissent. Certaines se refermeront sur elles-mêmes et d’autres réagiront de façon plus intense.

Patricia parle de son expérience là où on l’invite. Prochainement, elle sera l’invitée de la Dre Marie-Hélène Prud’homme dans un des cours du DESS (diplôme d’études supérieures spécialisées) donné à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) . Elle croit que pour avoir une meilleure compréhension de ce que vivent les personnes autistes, il faudrait qu’elles fassent partie de la solution et qu’il y ait plus d’heures consacrées à l’enseignement des personnes avec un TSA dans le cursus du baccalauréat en éducation.

Nous avons aussi discuté des formations offertes par Brigitte Harrisson, elle-même autiste, sur le langage et la pensée autistique et du manque de volonté du milieu éducatif pour favoriser les formations d’appoint pour les enseignants en exercice. Elle comprend qu’il peut être difficile d’inclure des élèves autistes dans les classes ordinaires quand on ne sait pas trop comment réagir lors d’épisodes « d’effondrement ». 

« C’est un appel à l’aide » souligne-t-elle. « Les personnes autistes vivent des traumatismes qui vont les suivre toute leur vie. On n’en parle pas beaucoup, mais il y a tellement de personnes autistes qui se suicident. Un bon nombre souffre d’anxiété. Je suis chanceuse d’avoir un conjoint neurotypique qui sait quoi faire quand j’ai un de ces épisodes. Il sait intervenir au bon moment et lorsque je raconte cela sur les réseaux sociaux, je ne reçois que de bons commentaires et du support. »

Elle a un gros projet en vue dont elle ne peut encore me dévoiler le contenu. Iels sont de plus en nombreux.se.s à prendre la parole et à poser des gestes qui vont aider les autres personnes avec un TSA. Patricia aurait voulu devenir avocate et elle me dit qu’à sa façon, elle en est devenue une. « Les personnes autistes développent des expertises qui sont connectées avec leurs champs d’intérêt » me raconte-t-elle. « Il ne faut pas se gêner pour leur demander de l’aide sur ce qu’ils connaissent. »

En une heure, nous n’avons pas vraiment parlé de son côté artistique, mais elle est présente sur Facebook et Instagram. On peut y trouver certaines de ses œuvres.

Si vous faites partie d’un organisme, d’un milieu de travail ou d’un centre scolaire qui désirerait comprendre mieux ce que vivent les personnes autistes au quotidien afin de mieux les inclure, ne vous gênez surtout pas pour la contacter, elle se fera un plaisir d’aller vous rencontrer. Merci Patricia !

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