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On n’est pas pressés d’être heureux !

Critique du bonheur

Quelle est cette voix qui me murmure de façon intempestive, presque agressive que je dois être heureuse ? La vision contemporaine que l’on se fait du bonheur est qu’il serait un remède censé guérir la détresse de nos vies pressurisées. Mais qui est-il ce bonheur et pourra-t-on un jour finalement l’atteindre ? Voici de quoi rassurer ceux qui sont entrés dans cette course-poursuite infernale.

La contrefaçon du bonheur

  • Qui du lièvre ou de la tortue sera le plus heureux ?

Pourquoi cherchons-nous à tout prix à être heureux.ses ? Qui nous l’impose ? Est-ce nous-même ou la société ? Sagesse et bonheur, étroitement liés, demandent du temps et de la patience. Impossible d’en acquérir ne serait-ce qu’une bribe de façon instantanée, autrement, on appelle cela le plaisir. On ne peut que tendre vers, c’est donc grossièrement tout l’opposé de ce que nous connaissons aujourd’hui.

Mais oui, la course au bonheur a bel et bien commencé. Peut-être parce que nous sentons s’approcher le déclin de l’humanité ? Si nos bibliothèques grouillent d’une multitude de bouquins censés nous apprendre à « lâcher-prise » et nous donner les clés pour atteindre la félicité, c’est que nous sommes certainement bien trop préoccupé.es par le culte du bonheur.

  • Le vrai sens du bonheur fragilisé

Authentic Happiness, Heureux comme un hyggie, le Miracle Morning… La psychologie positive a le vent en poupe. L’industrie s’en frotte les mains. Dans le fond, ces méthodes modernes ne seraient que des options pour rendre notre vie plus agréable, à court terme seulement, créant une vision du bonheur factice. Il n’y a ici aucun mal à s’intéresser au développement personnel, bien au contraire, mais ne nous voilons pas la face en pensant devenir heureux.ses en quelques semaines. Et surtout, cessons de culpabiliser sur notre incapacité à être heureux.ses. Il n’y a pas d’ordonnance miracle pour se défaire de cette fâcheuse habitude ; cependant, nous pouvons faire de notre mieux, notamment en acceptant nos humeurs, nos angoisses, notre négativité.

  • Le bonheur est-il devenu capitaliste ?

Bien sûr pour beaucoup, le bonheur est l’ultime objectif de vie ; il est même une recherche inéluctable et continuelle pour chaque être humain, qu’elle soit faite consciemment ou non. Le problème est que l’on cherche à acquérir la béatitude comme nous possédons notre maison, notre place dans l’entreprise ou même encore, l’Amour ; avec désir et aversion, ce qui nous empêche finalement de l’atteindre ou alors, en vivant continuellement dans quelque chose d’illusionné. Le bonheur ne se possède pas. C’est lui qui nous tient. Pour ainsi dire, comment pourrions-nous vivre véritablement dans la satisfaction durable alors que nous avons constamment peur de perdre ce qui semble nous rendre heureux.ses, que nous sommes constamment tiraillé.e.s entre Passé, Présent et Avenir.

Le bonheur, cette magnifique imposture universelle

  • Chacun sa route, chacun son bonheur

Pour certain.e.s, l’accès au bonheur se fera par le voyage, une découverte de soi à travers les pays et autres cultures, loin de ses proches et de tous repères ; pour d’autres, ce sera en construisant un foyer et en regardant grandir sa progéniture. On en viendra pourtant toujours à croire qu’il se trouve dans une autre direction. Nous sommes alors dans un état de conscience désordonné alors que la définition même du bonheur se trouve dans la stabilité mentale.

Un équilibre qui plus est, est difficile à trouver lorsque nos obligations sociales sont contraires à nos aspirations morales. Dans un monde empreint de fausses valeurs, corrompu et artificiel, nous passons certainement plus de temps à éviter le malheur qu’à servir les besoins de notre bonheur. On se soustrait à une quantité d’expériences toujours plus intenses et aux plaisirs éphémères supposés nous stimuler mais oubliant ainsi notre véritable but et la mémoire que nous souhaitons laisser dernière nous.

  • Demain, je serai un Homme heureux

Ce qui rend un Homme heureux avant tout, ce sont les interactions avec ses congénères. Inspirons, devenons muse les un.e.s pour les autres. Comment cultiver les racines de son bonheur sans échange, sans partage et sans harmonie ? Sans tout cela, il n’existerait pas. Il me semble que le bonheur, ne devrait pas être une fin en soi mais plutôt une direction à prendre. La joie, l’écoute et la compassion sont des indices qui nous poussent vers cette voie. Il ne peut en aucun cas s’exalter dans l’égoïsme, la fierté ou la méprise.

Quelle que soit la façon dont on s’y prend, – et il n’y a pas de mauvaise façon – cette conquête infinie nous encourage donc à poursuivre nos efforts pour nous affranchir de l’ensemble de nos désirs simples et nous ancrer dans un état de pureté défait de toute résistance.

« Penser en sage, agir en homme de bien, c’est le sûr moyen de vivre heureux et de laisser une mémoire honorée ».

Joseph Droz, Essai sur l’art d’être heureux, 1806.

 

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