Qui es tu ?
Je suis Daniella Yaba Wangata, originaire de la République Démocratique du Congo. J’ai 29 ans et suis arrivée au Canada en 2012 en tant qu’étudiante internationale, après avoir passé six ans en France. Je suis mariée et j’ai deux petites filles de deux ans et demi et d’un an.
Quelle a été ta toute première création ?
Ça remonte à très loin mais je ne sais pas si cela fait partie des “vraies” réalisations artistiques. Quand j’étais petite, j’avais des dizaines de poupées et je m’amusais à leur confectionner des vêtements et sacs à main avec des chutes de tissu. Une de mes tantes, styliste couturière, m’offrait des tonnes de chutes de tissu de tous genres. En parallèle, je dessinais et peignais : toutes sortes de dessins allant de la bande dessinée aux vêtements en passant par les sacs à main, et même la nature, un peu de tout, en fait. D’ailleurs, je pensais, à l’époque, faire des études en arts mais Dieu en avait décidé autrement. Cela dit, ce n’est pas trop tard !
Parmi tes créations, quelle est celle que tu aimes le plus ?
Un ensemble de trois petits tableaux de trois petites ballerines avec leur jupe froufrous en tulle. Je les avais faits pour ma fille aînée et les ai accroché sur le mur de sa chambre. Sinon, j’aime beaucoup la pochette de sortie Malawi, issue de ma dernière collection. Je la trouve simple et jolie. Elle donne du “peps” à toute petite tenue de sortie entre copines, par exemple.
Quelles sont tes influences ?
En matière de mode, je ne suis pas une adepte des grandes marques ni des grands noms. Par contre, j’aime tout ce qui se rapporte à l’art africain et j’ai toujours été attiré par les objets faits-main, surtout lorsqu’il y a toute une histoire à découvrir derrière.
Chez toi, c’est comment ? Ton environnement de travail ?
(Rires) Je suis plutôt un tantinet maniaque. Les choses doivent être bien rangées. Un petit espace a été emménagé dans ma chambre mais je me suis réservée un plus grand bureau dans une autre pièce : c’est mon Quartier Général. C’est là où je range tout mon stock et mon matériel de travail. À chaque fois que je suis un peu trop occupée et que la porte de mon QG est ouverte, mes filles tentent toujours d’y entrer vu que l’accès leur est interdit. Ça me fait toujours rire …
Que penses-tu de l’effervescence autour de la mode africaine ou d’inspiration africaine ces dernières années à la télévision et sur internet ?
Il y a deux aspects que j’aimerais souligner. On entend souvent dire que la mode est passagère. Toutefois, selon moi, il y a toujours des vêtements ou tendances qui ne se fanent pas. Ce sont les classiques, les indispensables ou autres qualificatifs. Il en est de même avec la mode africaine, plus particulièrement celle autour du wax. Vers les années 90, à la vue de ma mère et de mes tantes ou de femmes dans des publicités d’huile ou d’alcool parées de pagne, cela me donnait l’impression qu’elles avaient de la classe. Elles étaient toujours élégantes et je pense que c’est encore le cas aujourd’hui. Beaucoup de gens de la mode s’activent encore pour redonnner cette image à la femme. Le wax ne sera jamais démodé, peu importe la façon dont il sera porté, à l’ancienne ou plus classique, carrément chic et sofistiqué. Ce tissu a toujours su et saura inlassablement se réinventer.
Cependant, tout objet ou événement a un cycle de vie et la mode n’en échappe pas. Il y a des phases : entrée, croissance et déclin. De nos jours, tout le monde veut porter du wax de la tête aux pieds. Or, pour aimer réellement le wax ou toute chose dite “d’inspiration africaine”, je pense qu’il faut connaître et aimer l’histoire qui se cache derrière.
Est-il facile d’être une femme « designer » ?
Pour toute personne, et ce, nonobstant son métier, il n’est toujours pas évidente de combiner vie familiale et carrière professionnelle. Mais, beaucoup d’individus le font admirablement. Je me suis lancée dans le design récemment. NalovaWax est née officiellement le 02 juin 2018. Et, au vu de tout le travail que cela a nécessité en amont, je peux affirmer qu’être une jeune maman devant voyager du Canada vers l’Afrique sans ses deux petites filles de bas âge et son mari, est loin d’être une tâche aisée. De plus, c’est sans compter les risques de se lancer en entrepreneuriat toute seule ainsi que les difficultés du quotidien. Toutefois, l’amour pour et de sa famille et la croyance en Dieu engendre des efforts incommensurables. Et la récompense est énorme !
Où te vois-tu dans cinq ans ? Dix ans ?
Dans cinq ans, je serai dans ma boutique, au centre-ville de Montréal. (Rires). Blague à part, je me vois en train de revaloriser, de reinventer le wax, d’écrire un livre, d’inculquer aux plus jeunes des véritables valeurs. Je me vois également faire de NalovaWax, la marque de référence en matière d’accessoires et de prêt-à-porter en wax.
Et dans dix ans, je parcourrai le monde à la recherche de personnes qui désirent comme moi, encourager l’entrepreneuriat au féminin en Afrique.
Site web : www.nalovawax.com
Instagram : @nalovawaxx
Facebook : @nalovawaxx
Blacky Gyan (Sénégal – Canada)