Kinami nous propose un voyage dans le monde de la massothérapie : de ses origines ancrées dans les philosophies ancestrales à son utilisation actuelle, cette pratique se révèle une méthode efficace de relaxation et d’apaisement des douleurs physiques ainsi que des tensions mentales. Vous hésitez encore à découvrir ses bienfaits ? Le témoignage de Kinami vous convaincra peut-être d’essayer une thérapie basée sur la confiance et le respect réciproques !
Présentez-vous et décrivez votre profession en quelques mots.
Kinami (mot associé à l’énergie vitale en langue maya « Ki-nam ») est une personne non-binaire, asexuelle et sensible aux enjeux intersectionnels et interculturels. Ielle apprend et pratique des techniques et des savoirs ancestraux de guérison psychique, émotionnelle, physique et collective. Son approche s’intéresse aux méthodes pédagogiques pour vulgariser et enseigner les sciences et les arts dans une perspective de guérison. Actuellement, Kinami offre ses services de soins Reiki et de massage sportif, de relaxation et de décontraction ainsi que des ateliers de danse-relaxation. En parallèle, ielle suit une formation en thérapie en relation d’aide.
Pourquoi êtes-vous intéressé.e par la massothérapie ? (Ex. tradition familiale ou culturelle, études, passion, voyages, etc.)
Kinami est né∙e avec ce qu’on appelle un « pied bot ». Ielle a subi quatre chirurgies au pied entre l’âge d’un et trois ans. Ielle n’en garde pas de souvenir, mais sa grand-mère et sa maman lui ont raconté qu’ielle a beaucoup souffert de la douleur et qu’ielle pleurait beaucoup. Dans son enfance, sa grand-mère préparait des macérats de cannabis, de calendule ou d’autres remèdes pour masser ses pieds et ses jambes afin de soulager son malaise.
Plus tard, durant son adolescence, sa maman a connu une personne massothérapeute non voyante formée dans une école spécialisée. L’approche de cette personne, qui a traité∙e. Kinami et des membres de sa famille, l’a profondément marqué. Ce thérapeute prenait toujours le temps de partager un peu de ses savoirs et Kinami était fasciné∙e par son talent et sa capacité à guérir les autres grâce à son intuition très développée et à sa sensibilité.
Dans la dernière décennie, les intérêts de Kinami ont porté principalement sur la reconnaissance et la mise en valeur des savoirs ancestraux appliqués à la guérison, sur la neurodiversité, sur la santé (physique, mentale et spirituelle) et sur l’interculturalisme. Ielle croit que, de manière plus ou moins inconsciente, l’ensemble de ces expériences a influencé son choix de devenir massothérapeute, d’offrir ses soins dans un safe space et de partager ce qu’ielle apprend.
Quels genres de massages pratiquez-vous ? Décrivez leur appartenance historique et culturelle, leurs principaux bénéfices et leurs effets sur le corps et l’esprit.
Kinami est massothérapeute certifié∙e en massage de détente, de décontraction, sportif et en soins Reiki. Ielle est également en formation continue pour apprendre des savoirs chinois à travers le shiatsu et le massage tuina.
La pratique du massage a été développée il y a des milliers d’années au cœur de nombreuses cultures dans le monde entier : ces philosophies ancestrales accordent de l’importance à l’équilibre physique-matériel, émotionnel-mental et spirituel. Par exemple, on considère que le massage à l’huile de type californien est une technique créée en Californie dans les années 1970, alors qu’en réalité sa pratique provient de techniques ancestrales originaires d’autres territoires dans le monde, réappropriées et commercialisées par des voyageurs de cette génération. C’est le cas pour plusieurs types de massage aujourd’hui très répandus. Par exemple, lorsqu’on s’intéresse au massage californien ou suédois ainsi qu’à la polarité, on constate que ces techniques s’inspirent de pratiques ancestrales hindouistes, toltèques, bouddhistes, chinoises, celtes, égyptiennes, thaïlandaises ou encore africaines. Il est donc important de décoloniser la pratique du massage thérapeutique, de la rendre accessible et d’en faire la promotion en rappelant ses origines.
Dans ma culture, le massage est désigné en langue nahuatl par le mot apapaxtli, dont le sens littéral est « adoucir ». Le nahuatl est reconnu comme une lingua franca utilisée depuis des milliers d’années par des peuples du nord de l’Abya Yala pour communiquer entre eux et pour se connecter avec « le principe de tout », le tloque-nahuaque, la création. Le nahuatl, comme plusieurs langues ancestrales, utilise des pronoms non-binaires et possède trois niveaux d’interprétation. En plus du niveau littéral, les mots en nahuatl portent également un sens métaphorique associé à la nature et un sens philosophique qui touche au plan cosmique. À ces niveaux, Apapaxtli ou apapacho signifie donc aussi « caresser avec l’âme et avec amour » et devient alors un art de guérison. Comme dans le Reiki, la personne guérisseuse est plutôt un canal à travers lequel l’énergie vitale du tloque-nahuaque passe afin de traiter des blocages énergétiques. Ces types de phénomènes ont été étudiés et prouvés scientifiquement par le Dr Grinberg depuis les années 1990, avec ce qu’on appelle la théorie syntergique. Pour donner ce genre de soins, il est nécessaire que la personne soignante soit en équilibre mental, émotionnel, physique et spirituel ; en bref, dans un état de pleine conscience.
Actuellement, la science occidentale reconnaît que le massage favorise la sécrétion d’endorphines, de sérotonine et de dopamine. Ces hormones libérées pendant le massage peuvent contribuer à réduire l’anxiété et la dépression. Les mouvements doux et fluides peuvent permettre la décontraction, la détente des muscles ainsi que l’amélioration de la circulation lymphatique et l’élimination de toxines du corps. En combinant le massage à des soins Reiki et à la réflexologie, une profonde relaxation physique et psychique peut être atteinte.
Décrivez une journée de travail typique en tant que massothérapeute.
La journée commence par des exercices d’étirement des méridiens et de respiration pendant au moins 15 à 30 minutes. Par la suite, Kinami fait des déhanchements sur des rythmes de tresillo. Dans sa culture, on fait brûler un peu de copal (une résine odorante), du laurier, du romarin, du cempaxochitl, de la lavande, du tabac, du basilic, du saule ou du poivrier sauvage (on peut les combiner). Cela peut promouvoir l’élimination de microbes dans l’air, permettant ainsi de mieux respirer et favorisant l’oxygénation du corps, ce qui est bon pour la santé. On dirige la fumée aux quatre points cardinaux du cosmos pour saluer et remercier les quatre vents de l’existence. Cette cérémonie permet de se préparer et de se rééquilibrer soi-même pour favoriser la connexion spirituelle et se centrer sur l’intention guérisseuse. Il est très important de clarifier son intention lorsqu’on choisit d’offrir des soins à autrui.
Avant de procéder au massage, Kinami vous invite à faire quelques respirations profondes. Grâce aux arômes des huiles essentielles comme la lavande ou les agrumes, la relaxation peut commencer. À la seule exception du massage à l’huile, les soins ne requièrent pas d’enlever les vêtements. Pour les massages à l’huile, il est possible de garder ses sous-vêtements, son maillot de bain ou ses shorts. Des draps sont utilisés pendant le soin et, pour un plus grand confort, seul le segment du corps sur lequel on travaille est découvert. Pour ces massages, Kinami suggère de l’huile de coco biologique ou de pépins de raisins. Ces huiles ont des propriétés antioxydantes et contiennent une haute teneur en vitamine E et en oméga-6, ce qui protège l’épiderme contre la déshydratation.
La journée se termine avec des exercices de relaxation et de rééquilibrage pour fermer le cycle commencé le matin.
Quelle est la valeur ajoutée de votre activité (en termes de compétences, d’équipements, d’efficacité, de satisfaction de la clientèle ou encore de motivations et d’objectifs) ?
Kinami collabore avec son amie acupunctrice Mélanie dans une clinique de soins de santé complémentaire appelée Bianhua (6353 Papineau). Kinami y offre aussi des ateliers de danse latine – relaxation.
Ielle offre une approche intersectionnelle basée sur le consentement actif et informé. Ielle propose un espace sécuritaire (safe space) pour la communauté LGBTQ2+, BIPOC ou pour des gens qui ont vécu de la violence dans l’enfance ou dans l’âge adulte ou toute autre forme d’oppression.
Le Reiki sans contact permet d’offrir des soins à des personnes qui pourraient se sentir mal à l’aise avec le contact physique.
Racontez-nous une anecdote ou un souvenir que vous gardez toujours en tête concernant les premières séances de massothérapie avec de nouvelles personnes clientes (Ex. réactions physiques et/ou émotionnelles)
La première personne à qui Kinami a donné des massages était sa grand-mère alors qu’ielle était encore enfant. Pour ielle, ce sont des souvenirs sacrés. Ielle ressent de la fierté d’avoir eu la chance d’hériter des talents intuitifs et spirituels de sa grand-mère.
D’un autre côté, l’exercice professionnel de la massothérapie peut aussi entraîner de mauvaises expériences. Un jour, Kinami a décidé de promouvoir ses services sur un site populaire de petites annonces, appelé Kijiji. Victime d’un site malveillant, l’annonce a été copiée sans son consentement sur un site de massages érotiques, desquels son approche prend ouvertement les distances. Ielle a contacté Kijiji, mais le site s’est acquitté de toute responsabilité, et même la police a refusé d’intervenir ne s’agissant pas d’un acte criminel. Cet épisode a placé Kinami dans une situation d’inconfort et de méfiance.
Quel conseil donneriez-vous aux personnes qui hésitent encore à expérimenter les pratiques de massage ?
Les philosophies ancestrales disent que chaque personne a la capacité de guérison, c’est-à-dire à la fois de se guérir soi-même et d’aider les autres à guérir. Ces philosophies nous rappellent avant tout l’humilité et l’équilibre entre le matériel et le spirituel. Surtout, elles permettent de ne pas oublier qu’au fond nous formons une partie d’un tout.
Chaque massothérapeute a sa propre authenticité. Kinami croit qu’il est important de bien se renseigner sur les intentions de la personne qui offre des soins. Aussi, la personne soignante doit être claire et doit communiquer activement selon le principe du consentement tout au long de la séance. Rappelons que selon ce principe, aucune justification n’est nécessaire lorsqu’on dit non. Selon une définition diffusée dans les milieux militants, le consentement est un accord explicite sur une pratique précise. La décision doit être libre (céder n’est pas consentir), éclairée, informée et enthousiaste. En outre, le consentement peut être retiré à tout moment et doit être renouvelé à chaque nouvelle pratique.
- Courriel : kinamizen@gmail.com
- Instagram / Facebook : @Kinamizen
- Site : www.kinamizen.com (à venir)
- Autre(s) : www.caracolphotomontreal.com