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L’injonction au bonheur

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Qu’est-ce que le bonheur ? Vaste question chez les philosophes, équation mathématique chez les scientifiques de la pensée positive. S’agit-il d’un processus, d’une construction psychique, de l’accomplissement personnel ? Ces nouvelles définitions du bonheur sont aujourd’hui à l’origine de nouveaux marchés plutôt florissants. Pour autant, « le bonheur ne s’achète pas »…

Vidéos, articles, livres, conférences ; les publications s’enchaînent. Le bonheur et le bien-être sont devenus des thèmes centraux de nos préoccupations. Il existerait une recette magique, absolue pour parvenir à cet Eldorado : méditations, équilibre alimentaire, sommeil, détoxification.
Ces pratiques sont devenues des cases à cocher et des étapes à suivre dans cette quête du bonheur. Elles représentent un nouveau marché, plutôt florissant ces dernières années. Mais sont-elles, pour autant, bénéfiques pour notre santé mentale ?

En suivant les conseils et les recommandations que l’on nous donne à travers ces différents éléments, nous serions en mesure de goûter à ce bonheur promis. Ce serait donc simple, il suffirait de suivre à la lettre les conseils donnés, comme une recette, pour rendre notre vie plus heureuse. La souffrance dans notre société est grande. Les contextes politiques, économiques, la tension sociale représentent une charge mentale importante. Les gens ont l’impression que « c’était mieux avant ». Ils sont parfois prêts à tout pour renouer avec le bonheur qu’ils ont connu.


Mais pouvons-nous vraiment réussir à être heureux en cochant des cases ? Ce serait sans doute trop simple : la vie est autre. Ces efforts ne donnent pas de résultats immédiats et peuvent parfois être vains. Et alors ? Cela signifierait que le bonheur n’est pas fait pour nous ? Le bonheur n’est pas un alignement de bonnes pratiques. Écouter et suivre les conseils de chacun ne rendront pas notre vie plus heureuse. Et réaliser cela peut faire mal.

Il est vrai que cela peut faire mal, car tout un tas de questions surviennent à notre esprit : Ai-je mal fait ? Suis-je trop exigeant.e ? Ai-je un problème insoupçonné jusqu’alors ? Elles nous entraînent dans un tourbillon qui nous aspire petit à petit vers un état dépressif. En effet, nous subissons de toute part des pressions sociales pour cette « dictature du bonheur » comme l’expliquent Eva Illouz et Edgar Cabanas dans leur essai Happycratie, comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies.

Mais il est important de garder en tête que le bonheur n’est pas automatique et encore moins obligatoire. Le bonheur est un état profond, qui vient récompenser nos moments de joie. Il est tout à fait possible, et tant mieux, que nos situations sociale, économique, professionnelle ou encore amoureuse soient bonnes sans pour autant que l’on ressente du bonheur. Acceptons ces périodes de faibles intensités émotionnelles. Elles sont un cadeau que la vie nous donne pour nous reposer. Et sans l’attendre, sans le voir venir, le bonheur reviendra dans nos cœurs et mettra des couleurs dans nos sourires.

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