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L’importance du toucher à l’ère du numérique

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Tout au long de la vie, le toucher revêt une importance capitale : de la simple accolade au massage, il nous permet de sceller notre appartenance au groupe. Mais qu’en est-il lorsque ce toucher est absent de notre quotidien pendant trop longtemps ? Les neurosciences se sont penchées sur ce qu’il se passe biologiquement dans notre corps.

De notre naissance à notre dernier souffle, le toucher influe sur nos vies. La peau, notre plus grand organe sensoriel, capte des milliards d’informations tout au long de notre existence par le simple fait d’être effleurée. Comment ces bienfaits sur notre corps et dans notre psyché renforcent nos liens sociaux ? Etreintes, massages, poignées de mains participent à notre bien-être. Mais à l’ère du numérique, où l’ouïe et la vue sont magnifiées dans un monde hyperconnecté, peut-on vraiment se passer du contact physique

 

L’importance du toucher, un besoin vital pour notre santé

Bien plus qu’une simple interaction physique, le toucher se met en place dès les premiers instants de la vie. D’abord in-vitro, lorsque la mère touche son ventre au cours de sa grossesse, puis lors des premières caresses qu’elle donne à son bébé. Le concept de peau à peau s’est même étendu pour inclure les pères, démontrant ainsi l’importance cruciale des premiers contacts de chaque parent pour le bien-être des nourrissons. Les bienfaits mesurables sur le rythme cardiaque, le poids et la résistance aux infections soulignent l’impact positif du toucher précoce sur la santé des bébés. 

Au-delà de ces premiers moments, le toucher reste un besoin fondamental essentiel à notre survie. Comparable à l’air et à la nourriture, il s’avère être une nécessité pour notre bien-être général. 

D’ailleurs, la thérapie par le toucher a fait ses preuves au travers de massages, de contacts légers et empathiques, que ce soit dans un cadre hospitalier ou un cabinet de relaxation. Dans des moments de stress, de peur ou d’anxiété, poser doucement la main sur celle d’une autre personne est souvent plus puissant que les mots. Prendre dans les bras peut être salutaire autant pour celui qui donne que celui qui reçoit. Ces gestes simples, au pouvoir apaisant, instaurent un sentiment d’appartenance à un groupe. Vivre sans être touché devient alors inconcevable.

Bien souvent, le toucher doux, à travers le contact physique et l’échange émotionnel, insuffle une harmonie, une détente et du calme. Il offre ainsi une voie vers la guérison et le bien-être durable. Les blocages du corps et du mental se dénouent et l’agressivité est réduite.  

Le toucher est un langage profond qui transcende les barrières de la communication verbale. Au fil du temps, il contribue au développement du corps, renforce les liens sociaux et apporte des bienfaits inestimables, tels que le sentiment de sécurité et la découverte ou la redécouverte des plaisirs de la connexion physique. 

 

L’isolement social et ses effets néfastes 

Pendant des années, il était de coutume de laisser un bébé pleurer pour le renforcer. On pensait qu’il faisait un caprice, alors que son besoin d’être touché était vital pour sa survie. Les orphelins étaient souvent plus prompts à vivre de grandes détresses ou mouraient en bas-âge, à cause du manque de caresses et de tendresse. Un bébé, privé de câlins, ne peut pas se développer correctement. 

Aujourd’hui, l’isolement social est en partie dû aux nouvelles technologies. Rester derrière un écran est parfois une échappatoire à la solitude, mais il ne fait qu’alimenter le cercle vicieux de cette dernière. 

Un émoji en forme de câlins ou un like ne peuvent pas remplacer une vraie connexion humaine. Malgré les appels vidéos ou les visioconférences, une personne peut s’étioler et se sentir diminuée sans une interaction corporelle régulière.

L’incapacité à se connecter physiquement, pendant la pandémie, a mis au grand jour l’importance du toucher. La privation de contact a donc un impact fort et peut provoquer des effets délétères sur le corps et le mental. Le niveau de stress, d’anxiété, de phobie sociale et la somatisation augmentent. Selon des chercheurs, la solitude est aussi néfaste pour la santé que le tabagisme et la consommation d’alcool.

Le manque de contact régulier peut aussi conduire à une diminution de son appréciation et à une plus grande difficulté à aller vers les autres. Les personnes seules en sont d’ailleurs les premières victimes. 

 

L’impact du toucher sur notre santé d’un point de vue scientifique 

Dans les années 1990-2000, les scientifiques se sont intéressés de près au toucher et cela n’a cessé de croître ces dernières années.

Lorsqu’un individu est touché d’une manière légère, nous savons aujourd’hui que les récepteurs de notre épiderme provoquent la sécrétion de neurotransmetteurs dans le cerveau. Les fibres nerveuses afférentes-C situées au niveau des follicules pileux des avant-bras et du dos, sont responsables de la sensation du toucher doux et agréable. Elles sont essentielles pour réguler nos émotions positives, dissiper la solitude, renforcer nos liens sociaux et même atténuer la perception de la douleur. En envoyant des signaux électriques qui se propagent jusqu’au tronc cérébral via la moelle épinière, l’information traitée est diffusée dans le corps au travers des hormones.

L’ocytocine, nommée hormone de l’attachement, agit directement sur le cerveau en tant que neurotransmetteur puis se propage dans le corps via la circulation sanguine. Cette « hormone de l’amour » a plusieurs cordes à son arc. Prépondérante pour le lien qui unit une mère et son enfant, elle est aussi calmante et aide à réduire le taux de cortisol lors de moments de stress. De plus, elle influence notre empathie, notre sentiment de sécurité et de mise en confiance lors d’interactions sociales. Le simple fait de serrer la main ou poser son bras sur l’épaule de l’autre permet à chacun de bénéficier des bienfaits de cette hormone. Couplée avec la sérotonine et l’endorphine, l’ocytocine joue donc un rôle prépondérant dans la modulation des émotions, la création de liens et le bien-être en général. 

 

Partout dans le monde, la solitude et la privation de contact font des ravages et deviennent des problèmes de société. À l’heure actuelle, la technologie essaie de reproduire le toucher physique à travers la réalité virtuelle mais les expériences ne sont pas encore capables de simuler un toucher doux et ne peuvent remplacer une réelle étreinte. Alors pour rester en bonne santé, ne nous privons ni d’interactions réelles ni de donner et recevoir des câlins !

 

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