Les Disney sont magiques pour les petits, et perturbants pour les grands. De nombreux messages cachés découlent de ces dessins animés. Ces messages sont bien souvent des enjeux présents dans nos sociétés tels que le sexisme.
Les dessins animés Disney ont été créés par deux frères : Walter Elias Disney & Roy Oliver Disney, en 1923 en Californie. Walter était alors vendeur de journaux, dessinateur de publicités et travaillait dans un théâtre. Il a réalisé quelques petits dessins animés qui sont malheureusement restés inaperçus. Toutefois, c’est grâce à son dessin animé musical en couleur de Mickey Mouse qu’il s’est fait connaître. Mickey est devenu la mascotte et ainsi l’icône de Disney.
Les Disney sont des dessins animés féeriques pour les enfants, mais avez-vous remarqué qu’en les regardant à nouveau, nous les percevons différemment ? Nous ne comprenons pas et ne voyons pas les messages de la même façon. En effet, les Disney cachent énormément de messages et de sous-entendus.
BLANCHE‑NEIGE
Ce dessin animé, tiré du conte des frères Grimm, est paru en 1812. Blanche‑Neige, est une femme tellement belle que sa belle‑mère la jalouse et tente de la faire tuer par un chasseur. Cependant, sa beauté la sauve puisque le chasseur ne peut se résumer à la tuer tant il la trouve jolie. Blanche‑Neige se retrouve alors chez les sept nains qui travaillent à la mine pendant qu’elle s’occupe de leur maison. Mais la belle‑mère ne s’arrête pas là. En effet, elle se déguise en vieille femme et lui offre une pomme empoisonnée que Blanche‑Neige mange naïvement. Cette pomme la fait tomber dans un long sommeil comparable à un coma. Alors qu’elle est étendue dans son cercueil, un beau prince l’embrasse. Ce baiser la réveille et ils finissent par se marier.
Les messages cachés qui découlent de ce dessin animé :
Manque d’éducation et naïveté
Sa naïveté lorsqu’elle se nourrit de la pomme offerte par une inconnue peut démontrer un certain manque d’éducation. À cette époque, les femmes n’y avaient pas accès. Et ceci est malheureusement encore le cas de nos jours. Dans certains pays, les femmes n’ont ni le droit ni la chance de pouvoir penser par elles‑mêmes.
Non‑respect du consentement
Le baiser du prince peut être vu comme un bisou volé, puisqu’il l’embrasse alors qu’elle est inconsciente. Blanche‑Neige n’est donc pas consentante pendant ce baiser. Pour aller plus loin, il est également possible de parler du syndrome de Stockholm, car Blanche‑Neige finit par tomber amoureuse et épouser son « agresseur ».
Sexisme
Les sept nains accueillent Blanche‑Neige chez eux, mais en contrepartie elle s’occupe de la maison et du ménage pendant qu’eux, les hommes, vont travailler.
LA REINE DES NEIGES
La reine des neiges, ce dessin animé, datant de 2013 pour le premier volet et 2019 pour le second, retrace la vie des deux princesses d’Arendelle, Elsa et Anna. Elsa a un pouvoir puissant : celui de la neige et de la glace. Ses parents, qui sont les seuls à connaître son secret, lui font porter des gants pour cacher ses pouvoirs. Mais, le jour de son couronnement, Elsa dévoile son pouvoir par accident et blesse sa sœur. Les habitants la traitent de monstre et elle finit par s’enfuir et s’isoler dans un palais de glace. Anna part à sa recherche à cheval, rencontre Kristoff et son renne, ainsi qu’Olaf. Au final, les princesses apprennent que l’amour fraternel peut soigner le cœur de glace d’Anna.
Les messages cachés qui découlent de ce dessin animé :
Féminisme et émancipation de la femme
Le personnage d’Elsa n’est pas encore complètement un personnage féministe, mais on s’en rapproche doucement grâce à son caractère solitaire, décalé et sensible. Elle préfère s’isoler que de prendre le risque de blesser quiconque avec son pouvoir. Elle est également indépendante et n’est jamais mise en scène dans une relation amoureuse. Finalement, le seul amour dont elle a besoin est celui de sa sœur. Quant à Anna, qui n’est pas représentée comme les autres princesses, car elle ronfle, bave, etc., elle part, elle aussi seule, à cheval pour retrouver sa sœur. Leur amour peut tout guérir même le cœur de glace d’Anna.
Codes LGBT
Les créateurs jouent avec les codes LGBT, même s’ils ne se prononcent pas clairement sur le fait qu’il s’agit ou non de la première princesse lesbienne. Par exemple, la chanson emblématique du dessin animé « Libérée, délivrée » peut annoncer le coming out de la princesse qui s’assume enfin telle qu’elle est. Cependant, des enjeux économiques empêchent les créateurs Disney de s’exprimer explicitement sur le sujet et de montrer une princesse lesbienne à l’écran. Certains parents risqueraient de ne pas vouloir montrer le dessin animé à leurs enfants.
Minorité sociale
Elsa a dû cacher sa vraie personnalité en portant des gants afin de cacher ses pouvoirs, et par la même occasion sa vraie nature. Ses gants lui permettaient de paraître « normale » aux yeux des autres. Dès que les gens ont découvert ses pouvoirs, ils l’ont directement traité de monstre et l’ont rejeté à cause de cette différence. Malheureusement, encore dans nos sociétés actuelles, la différence est difficilement tolérée. Elsa nous apprend donc que nous avons tous notre place dans la société et que rien ne sert de se cacher.
Pour aller au-delà des Disney :
KIRIKOU
En dehors de l’univers Disney, il existe d’autres personnages bien connus, qui véhiculent des messages cachés. C’est le cas de la sorcière Karaba, dans le film d’animation Kirikou. Il est réalisé par Michel Ocelot, sorti en 1998. Il raconte les aventures de Kirikou : un tout petit garçon, né dans un village d’Afrique, qui cherche désespérément à savoir « Pourquoi Karaba est-elle si méchante ? ». Karaba est une sorcière qui vit en dehors du village. Elle y fait régner la terreur à l’aide de ses fétiches et y fait notamment disparaître mystérieusement les hommes. Elle assèche également le village et prend tout l’or des villageois, en brûlant leurs maisons au passage s’ils ne coopèrent pas. Kirikou, dont la quête est de découvrir ce qui est arrivé à Karaba, va voir son grand‑père, car il est le seul homme à avoir la fameuse réponse. Après avoir entendu les explications de son grand‑père, Kirikou tente de mettre en place un stratagème pour faire sortir Karaba de sa case en lui volant l’or. Il a ainsi enfin l’occasion de lui ôter l’épine, qui la fait souffrir dans le dos. Karaba et Kirikou finissent par se marier, et les hommes, qui étaient transformés en fétiches, retrouvent leur forme humaine et reviennent au village.
La problématique qui découle de ce dessin animé (ABOA Lolita, ndlr) :
Généralisation du viol de guerre
En 2009, le conseil de l’Europe estime que dans la région du Congo, il est plus dangereux d’être une femme qu’un soldat à cause des violences qu’elles endurent. Le viol est ici utilisé comme arme. D’après les estimations, il y a environ 40 viols par jour dans l’Est du pays. L’association Synergie des femmes déclare : « Lorsque tout un village est violé collectivement par des groupes de gens, ce n’est pas pour le plaisir sexuel, c’est pour détruire ». Beaucoup d’organisations parlent maintenant de « terrorisme sexuel ». Ces viols engendrent énormément de problèmes : D’une part, ces événements sont traumatisants pour les femmes qui les subissent : elles sont abandonnées, stigmatisées par leurs proches et vues comme coupables de ce qui leur est arrivé. Et d’autre part, ces abus propagent le SIDA.
Le viol de guerre dans Kirikou
Le réalisateur tente de dénoncer le viol collectif à travers ce dessin animé. Kirikou qui essaye de comprendre ce qui arrive à Karaba demande à son grand-père : « Pourquoi Karaba La Sorcière est-elle méchante ? » et ce dernier lui répond simplement : « Parce que c’est une sorcière ». Cependant, Kirikou insiste : « Pourquoi est‑ce une sorcière ? ». Son grand‑père lui explique finalement la raison : « Elle souffre sans répit jour et nuit […] parce qu’on lui a enfoncé dans la colonne vertébrale une épine empoisonnée. Des hommes l’ont immobilisée pendant qu’un autre lui enfonçait l’épine ». Michel Ocelot, le réalisateur explique lui-même sur son site qu’il s’agit d’une allégorie des viols de guerre : « L’épine empoisonnée dans le dos de Karaba est un symbole, représentant le mal que les hommes font aux femmes, et une souffrance qui ne disparaît pas ». On apprend également qu’elle vit en dehors du village puisqu’elle a été rejetée de son propre village. Les hommes qui disparaissent sont en fait transformés en fétiches afin de surveiller sa case pour que personne ne puisse l’approcher. Finalement, Kirikou arrive à la libérer de sa souffrance en lui arrachant l’épine qu’elle a dans le dos avec ses dents. Cela montre alors qu’il s’agit d’un acte extrêmement difficile à effectuer.
Sources :
- ABOA, Lolita. (2019, 15 avril). Le viol de guerre, dénoncé par le dessin animé Kirikou. Le Phoenix. https://buzzles.org/2019/04/15/le-phoenix-le-viol-de-guerre-denonce-par-le-dessin-anime-kirikou/
Bonjour,
J’aime l’idée des messages cachés. J’ai pour ma part commencer à les décrypter de façon psychologique : Blanche-Neige, victime de sa (belle)-mère narcissique, Raiponce, isolé via des mensonges et manipulation comme pour les personnes victimes de sectes, la relation toxique de la Belle et la bête ….