Le système scolaire français connaît une petite révolution en ce début d’année 2024. Les cours d’empathie hebdomadaires seront très prochainement obligatoires de la maternelle au lycée. Éduquer les enfants, dès leur plus jeune âge, à l’acceptation de la différence et à la gestion des émotions est devenu la priorité de l’Éducation nationale pour contrer le harcèlement scolaire.
Pour lutter contre le harcèlement scolaire, l’enseignement de cours d’empathie est testé au sein de mille écoles maternelles et primaires à partir de janvier 2024. Cette expérience inédite s’inspire des pays scandinaves et anglo-saxons. La France rattrape enfin son retard en matière d’éducation des compétences émotionnelles et psychosociales.
L’objectif de ces cours ? Sensibiliser les enfants et diminuer les agressions.
Mieux vivre ensemble s’apprend dès le plus jeune âge
Très souvent, les jeunes enfants reproduisent ce qu’ils voient autour d’eux. Les coups, les mots méchants sont proférés sans vraiment en comprendre les conséquences. Un enfant qui n’a pas appris à faire preuve d’empathie, ne parvient pas à se mettre à la place de l’autre. Il déverse alors sa violence et a un fort sentiment de toute puissance. Sa victime est comme un objet, d’où l’incapacité pour l’agresseur de ressentir la souffrance générée.
En apprenant, dès l’enfance, les paroles et les gestes élémentaires bienveillants à cette entrée en relation avec autrui, il devient plus facile de respecter son prochain. L’enjeu des cours d’empathie est donc d’apprendre à ressentir, reconnaître et apprivoiser ses propres émotions pour mieux comprendre celle des autres. Voir et entendre l’autre en face de soi, c’est comprendre qu’il a des émotions, même si elles ne sont pas les mêmes. Ces dernières ont le droit d’être exprimées sans recevoir de critiques ou de jugements. Le dialogue, l’écoute attentive et l’identification à l’autre sont donc essentiels dès la maternelle. Cela permet plus tard d’avoir une meilleure estime de soi et une meilleure interaction sociale.
« Qui n’a pas d’empathie, en pâtit. » O. Zanna
L’autre bénéfice du développement de l’empathie, et non des moindres, est qu’elle favorise un meilleur apprentissage pour les élèves. Cette qualité permet au cerveau de bien se développer tant au niveau émotionnel que cognitif. Les enfants montrant de l’empathie sont plus épanouis, mémorisent plus facilement et leur réussite scolaire est meilleure.
Mise en pratique des cours d’empathie
Chaque cours est mis en place pour développer une compétence psychosociale de manière explicite. Pour que les enfants se l’approprient, le professeur doit centrer son activité sur cette aptitude.
L’empathie passe donc autant par le corps que par la parole. Les séances se déroulent sous forme d’exercices ludiques et d’une mise en mouvement, avec des jeux verbaux et physiques, pour créer une cohésion de groupe. Chaque élève est encouragé à participer activement aux jeux de rôles et aux diverses activités mises en place. Le collectif doit l’emporter sur l’individualisme. Les enfants sont également invités à participer aux temps d’échange avec l’enseignant. Ces moments de parole et d’écoute sont primordiaux pour développer l’empathie des uns et des autres. Écouter, parler, permet une vraie interactivité non seulement entre les élèves mais aussi avec les professeurs. La classe devient un lieu coopératif où la violence et l’agressivité sont remplacées par le respect et la bienveillance.
Formation de la communauté éducative
Les cours d’empathie dans les écoles sont une révolution dans le système éducatif français. Enseigner à des enfants l’art de bien gérer leurs émotions et apaiser leurs conflits ne s’improvise pas. Ces cours ne sauraient être bénéfiques pour les enfants sans qu’ une formation ne soit proposée, au préalable, au personnel éducatif.
La mise en place du projet du gouvernement implique donc une préparation en amont. Un webinaire à destination des professeurs des écoles, des directeurs et des inspecteurs a permis la préparation de ces cours. Un kit de ressources pédagogiques de la Direction générale de l’enseignement scolaire a aussi été élaboré pour favoriser la mise en place des séances.
Mais comprendre et savoir quelle émotion traverse un enfant nécessite que les adultes soient, eux-mêmes, en capacité d’écouter leurs propres émotions. L’ensemble du personnel en lien direct avec les enfants devrait alors profiter de ces formations à l’empathie.
Une société plus empathique est une société qui se soucie de l’autre au lieu de l’ignorer.
La bienveillance, la fraternité et l’écoute sont des éléments fondateurs pour le bon développement d’un enfant. Mais ces valeurs ne doivent pas être l’unique apanage de l’école, elles doivent aussi être perçues hors des murs.
Souhaitons que dans les années à venir, les élèves bénéficiant de ces cours d’empathie auront plus de compassion et d’acceptation de la différence envers leur prochain.
Sources :