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Le travail dans les mines artisanales en République Démocratique du Congo

PRODLIBE 2018-0907 - MINES RDC

La République Démocratique du Congo renferme dans son sous-sol des trésors. En effet en son sein, reposent des minerais tels que l’or, le diamant, mais aussi le cobalt, un métal précieux devenu essentiel à l’ère du tout-technologique. Cependant, la richesse du sous-sol ne profite pas à la population puisque, selon la Banque Mondiale, en 2018, 72% de la population vivait avec moins de 1,9 dollar par jour.

 

En 1908, le roi de Belgique Léopold II établit au Congo, appelé à ce moment-là, Congo belge, un système colonial strict, restrictif et violent puisqu’il aurait fait plusieurs millions de morts. Le gouvernement belge imposait le travail dans les plantations et dans les mines. Le 30 juin 1960, le Congo arrache son indépendance à la Belgique. Patrice Lumumba, un activiste indépendantiste congolais qui joua un rôle capital dans cette émancipation en prônant des idées anticolonialistes, qui le menèrent plusieurs fois en prison, devient premier ministre.

À la suite de cette émancipation, le Congo récupère ses mines et ses ressources importantes et diversifiées. Aujourd’hui, elles sont exploitées par deux grandes sociétés : la Minière de Bakwanga, dont 80 % des actions sont détenues par l’État congolais, et la Société sino-congolaise qui se nomme Sacim. Dans leurs activités, on retrouve l’extraction du cuivre, du coltan, de l’or, des diamants et du cobalt. Concernant le cobalt, 70 % du métal utilisé dans le monde, provient des sols du Congo, un des pays les plus pauvres du monde avant d’être raffiné en Chine pour une très grande majorité.

Le cobalt attire particulièrement les pays occidentaux puisque ce métal est utilisé dans la fabrication des batteries de téléphones portables, des ordinateurs et des véhicules électriques. Il est intéressant pour l’industrie puisqu’il résiste à la corrosion, à l’usure et aux hautes températures. L’ONG américaine International Rights Advocates (IRA) explique dans un communiqué : « L’explosion du secteur des technologies a conduit à une explosion de la demande de cobalt. » Il faut savoir que 8 kg de cobalt est nécessaire pour la fabrication d’une batterie de voiture électrique. Selon la Banque Mondiale, le développement des véhicules électriques pourrait multiplier par dix le besoin de certains matériaux comme le cobalt d’ici à 2050.

Crédit : Radio Canada / Frédéric Lacelle

L’IRA poursuit, en affirmant que ce minerai est « exploité en République Démocratique du Congo selon les conditions extrêmement dangereuses dignes de l’âge de la pierre, par des enfants qui sont payés un ou deux dollars par jour pour fournir le cobalt servant à la fabrication d’onéreux gadgets par certaines des plus riches entreprises du monde. » Ces jeunes travaillent dans ces galeries souterraines pour subvenir à leurs besoins malgré le risque permanent d’effondrement des sols et de maladies. Le cobalt est toxique et est classé comme un métal cancérogène pour l’homme. En respirer une concentration trop importante peut causer des maladies pulmonaires telles que l’asthme. Les effondrements des mines sont quant à eux causés par l’affaissement du sol. Ces accidents sont courants. Les victimes sont souvent des jeunes et des enfants, des mineurs travaillant en toute illégalité et sans équipement dans des conditions extrêmement précaires. L’UNICEF estime à 200 000 le nombre de « creuseurs » illégaux dont 40 000 sont des enfants travaillant dans ces mines. Il s’agit d’enfants issus de familles misérables dans l’impossibilité de leur payer l’école.

En 2016, un rapport d’Amnesty International dénonçait 16 grands groupes industriels. Une plainte collective a été déposée contre Apple, Google, Dell et Microsoft, pour ne citer que quelques géants du secteur. Ils sont accusés de continuer à s’approvisionner en cobalt, en ayant connaissance de la situation et des conditions de travail de milliers de jeunes travailleurs. Après un effondrement ayant fait une cinquantaine de morts en juin 2019 près de Kolwezi, International Rights Advocates a également monté un dossier contre les grands noms de l’industrie pour lutter contre l’exploitation des enfants.

Le géologue belge Jules Cornet a qualifié le sol de la République Démocratique du Congo de « scandale géologique » tant il regorge de minerais. Néanmoins, l’extraction minière est, depuis les années 1900, source de guerres et de conflits entre des parties souhaitant exploiter ces régions minières à leur seul profit. De plus, l’extraction du cobalt est nocive pour la santé des travailleurs, des communautés habitant autour et pour l’environnement. L’IRA espère que « les géants de la tech américaine cesseront d’être complices de ces conditions de travail… et qu’elles seront contraintes de financer des programmes d’éducation aux enfants congolais. »

Crédit : IRADVOCATES

 

En collaboration avec Andréa Mafuta

 

Crédit Photo Couverture : Caroline Thirion pour Libération

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