Scroll Top

La vengeance ou la justice ? Trois films qui rompent avec le stéréotype de « Good for her »

index2-1520026079

Les films récents sur la vengeance féminine – surnommé des films Good for her – ont gagné un regard controversée à cause de leurs héroïnes souvent privilégiées et blanches. Voici trois films qui portent un regard plus intersectionnel sur la lutte contre l’oppression !

 

Parmi les films acclamés portant l’étiquette Good for her – un sous-genre officieux où l’héroïne prend sa revanche sur l’oppression sociétale et patriarcale – le personnage principal est toujours la même : blanche, belle et privilégiée.

A l’origine un simple post sur Twitter, le Good for her fait à présent partie intégrante du lexique des cinéphiles anglophones sur internet Désignant des films comme Gone Girl et Midsommar, la définition élémentaire est un film où une héroïne fait face aux personnes/institutions qui l’oppressent et après quoi elle se retrouve avec plus de pouvoir qu’au début. Le dernier exemple est Promising Young Woman,  qui raconte l’histoire d’une femme se faisant passer pour ivre et vulnérable aux bars afin de donner une bonne leçon aux hommes qui veulent en profiter.

Bien que ce genre déclenche un sentiment de satisfaction du fait de voir un oppresseur patriarcal remis à sa place, on se demande si les moyens engagés par l’héroïne sont justes (la manipulation, la violence, la trahison), ou si on l’excuse uniquement parce qu’elle est blanche et belle. Amy Dunne de Gone Girl en est un bon exemple. Dégoûtée par son mari infidèle et inattentif, Amy mène un plan élaboré pour l’incriminer comme meurtrier, tout en ignorant les conséquences de ses actions . La communauté de Good for her applaudit ses actions, mais, réflexion faite, Amy ressemble surtout à une méchante et n’est pas représentative du triomphe féministe.

La plupart des films Good for her suit le même modèle : les spectateurs permettent la revanche douteuse parce qu’elle est acceptable et pardonnable dans le regard de la société. Notre magazine propose trois films qui portent un regard intersectionnel et multiculturel sur les héroïnes luttant contre l’inégalité, le sexisme et le racisme.

Madeline’s Madeline (2018)

Ce film est un candidat génial du sous-genre, parce qu’il montre que pour une héroïne intersectionnelle, l’oppression est beaucoup plus compliquée que la fiction, et que les femmes aussi, quelles que soit leurs bonnes intentions, peuvent être des oppresseurs. Dans le film, la jeune Madeline rejoint une compagnie distinguée de théâtre, où la directrice met en scène la vie de Madeline. Le film traite du fait que les femmes blanches profitent du travail des femmes noires, sans les créditer.Face au monde qui refuse de la comprendre, Madeline trouve son pouvoir dans son imagination, ce qui provoque le déchirement de la réalité dans le studio de répétition.

Les Guerrières/Born in Flames (1983)

Disponible gratuitement en anglais sur Internet Archive, ce film est une célébration de l’esprit de résistance féministe. Il montre que la lutte contre l’oppression n’est pas synonyme de revanche individuelle, mais bien d’unification d’une communauté. Moitié science-fiction, moitié pseudo-documentaire, le film suit des activistes féministes dans un États-Unis dystopique et la création d’une armée de libération des femmes. Cette œuvre ne se retient pas pour aborder des sujets divers comme la discrimination au travail, l’agression sexuelle, et l’emprisonnement injustifié. Trente-neuf ans après sa publication, Born in Flames continue d’être d’actualité pour tout ceux qui luttent pour l’égalité intersectionnel.

 

Audition (1999)

Une liste de « Good for her » n’est pas complète sans un film d’horreur ! Dans la même veine que Gone Girl et Promising Young Woman, ce film japonais commence avec Shigeharu Aoyama, un père veuf qui décide de monter une audition pour trouver sa prochaine femme sur l’insistance de son ami misogyne. Il tombe amoureux de la mystérieuse Asami Yamazaki, mais il ignore son passé dark jusqu’il soit trop tard.

Les critiques de ce film sont divisées. Certains le définissent commeun film féministe à cause des actions d’Asami. Cependant, il est clair que le film présente un thème emblématique de « Good for her » : la critique d’une société qui fait isoler et stigmatiser les femmes. Dans un rebondissement plutôt « meta », l’audition fait un appel pour « une héroïne de demain », qui souligne l’idée qu’Aoyama cherche une actrice pour jouer un rôle autour de lui, au lieu d’avoir un vrai compagnon empathique.

Mais une note d’avertissement : ceux qui n’aiment pas les scènes graphiques de torture, vous voudrez peut-être l’éviter !

Qu’est-ce que vous pensez de notre liste ? Vous avez un film « Good for her » que vous avez adoré ?

 

Bibliographie 
  • BORDEN, Lizzie (réalisatrice). Born in Flames [Internet Archive]. First Run Features, 1983, 90 minutes.
  • DECKER, Josephine (réalisatrice). Madeline’s Madeline [Amazon Prime]. Oscilloscope Laboratories, 2018, 93 minutes.
  • MIIKE, Takashi (réalisateur). Audition [DVD]. Omega Project, 1999, 113 minutes.

Publications similaires

Laissez un commentaire