D’origine haïtienne et homme queer, Laurent Maurice Lafontant (Mois de l’Histoire des Noirs) est président de la fondation Massimadi ainsi que le coordinateur du festival du même nom. Cet article montre la vision de son travail, présenté lors de la conférence des arts et leur représentation queer comme outil d’agentivité au Musée McCord en mai dernier.
Lors de la conférence des arts et leur représentation queer comme outil d’agentivité au musée McCord, Laurent Maurice Lafontant nous dévoile sa perception du sujet ainsi que le fruit de son expérience au sein de la fondation Massimadi dont il est le président. D’origine haïtienne et faisant partie de la communauté LGBTQ+, il est aussi coordinateur du festival Massimadi et présente des films documentaires et web séries aux thèmes LGBTQ+ en se concentrant sur les membres de communautés noires et afro. Laurent écrit aussi des nouvelles et des romans.
La fondation Massimadi a commencé dans les années 2000 et a pour mission de promouvoir les arts et la culture des communautés noires comme vecteur de changement social dans la lutte contre l’homophobie et la transphobie. Elle sert aussi comme moyen d’intégration des personnes LGBTQ+ afro puisque, comme Laurent l’explique, en soulignant cette intersection d’identité, il n’y a presque aucune représentation noire sur la scène LGBTQ+ pour montrer que cette réalité existe. Comme beaucoup d’autres, Laurent a manqué de représentation et de visibilité en grandissant, ce qui l’a d’ailleurs poussé à montrer plus d’images « positives, constructives et déviantes ».
L’art et la culture, il l’explique, c’est ce qui fait l’identité de toute communauté qui transmet son héritage à travers le temps, « voir différents modèles aide à une meilleure construction de soi ». L’art permet de transmettre des émotions et des expériences qu’il ne serait pas possible d’exprimer autrement, « l’art permet de transcender ces identités. »
Laurent nous raconte comment, avant de s’impliquer dans cet organisme, il ne connaissait personne de la communauté haïtienne étant ouvertement queer. Grâce à Massimadi, il a pu rencontrer des personnes aux parcours et expériences similaires : « Peut-être que plus de représentations m’auraient fait sortir du placard plus tôt (…) j’ai même mis de côté mon identité haïtienne ».
Son travail au sein de la fondation ainsi que l’évolution de la culture queer dans les arts ont apporté une image plus nuancée de sa culture haïtienne. Ce qui lui aurait totalement échappé s’il n’avait ni visité ni vu de films lors de la découverte de ce festival.
« Ce projet m’a permis de découvrir beaucoup de choses sur mon identité ».
Il est donc important de traiter de ces identités afin d’éviter qu’elles restent dans l’invisibilité ; identités qui ne sont pas encore assez banalisées, d’après Laurent, et encore assez taboues. C’est de cette manière que son travail encourage la parole LGBTQ+ afro. Massimadi encourage donc la discussion et donne ainsi un espace pour prendre la parole, afin d’utiliser l’art en tant qu’agent de représentativité.
Laurent raconte qu’auparavant, les films du festival Massimadi étaient surtout constitués de documentaires, tandis qu’aujourd’hui, ils octroient plus de place à la fiction. Alors qu’il devait en sélectionner parmi des dizaines, il le fait maintenant parmi des centaines. Cela prouve que plus de personnes sont amenées à créer et à s’affirmer. Les gens se reconnaissent, prennent confiance et reçoivent de nouvelles opportunités.