Aymara Monsalve est une jeune artiste vénézuélienne étudiant à Paris. Le 19 avril 2017, elle débute une série de 60 peintures : « Serie Venezuela », pour soutenir les manifestant.e.s. Le pays fait face à des difficultés sociales, économiques et politiques depuis plusieurs années et c’est suite à une décision du gouvernement en place concernant la limitation du pouvoir parlementaire de députés de l’opposition que la population se rend dans la rue.
Aymara Monsalve contracte au même moment la tuberculose et est obligée de rester confinée chez elle par mesure de sécurité. La peinture devient alors une manière de lutter avec les manifestant.e.s. C’est le meilleur moyen pour elle de s’exprimer. Elle s’inspire de photos des évènements postés sur Instagram, en isole le personnage principal et lui rend hommage en peinture. Ses œuvres, réalisées essentiellement à la gouache, attirent le regard vers ces acteurs de la manifestation, mis en valeur par un cadre.
Le support de son travail n’est pas anodin puisqu’elle peint sur des emballages de farine de maïs. On retrouve donc dans ses peintures des code-barres ou encore du texte. Aymara Monsalve aime travailler avec ces textures et intégrer à ses réalisations les éléments présents sur ce support particulier. Cet ingrédient, utilisé par tous.tes les vénézuélien.ne.s, lui permet d’ancrer ses peintures dans un lieu identifié. On retrouve également cette identité vénézuélienne dans les couleurs utilisées dans ses œuvres, correspondant en majorité aux couleurs du pays.
D’habitude divisés politiquement, Aymara Monsalve retient la solidarité des vénézuéliens durant cette lutte. Ce n’est pas la violence qui ressort de ces manifestations mais une union particulière. Pour elle, ce message d’unité collective rend, en quelque sorte, les évènements de 2017 beaux. Artiste engagée, elle a donc voulu documenter à sa façon ces semaines de lutte. Outre le fait de montrer la tension, Aymara veut surtout mettre en valeur le travail de ces photographes (dont les comptes Instagram sont cités) qui ont pris des risques et mis en danger leur vie pour imager ces moments.
Pendant le confinement de 2020 lié au contexte sanitaire actuel (Covid 19), Aymara Monsalve s’est replongée dans les évènements de 2017 et a mis un terme à cette série de peintures dont 58 sont visibles sur son site. La série à présent achevée, elle aimerait pouvoir exposer un jour toutes ses réalisations en une seule œuvre, pour retracer et rendre hommage à ces manifestant.e.s dont les mots résonnent encore sur le papier.