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La mode et le développement durable

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Photo de couverture : Photo andrewarchy, Baggu, CC BY 2.0 via Flickr

La prise de conscience collective de l’impact de notre style de vie sur l’environnement a des conséquences majeures sur l’industrie textile, l’une des plus polluantes au monde, qui tente de s’adapter à cette nouvelle demande des consommateurs pour une mode plus durable et écologique.

Le phénomène est à présent global : toutes les marques de textile, du bas de gamme au luxe, proposent des vêtements ou des collections capsules dites « durables » ou « écoresponsables ». Leurs boutiques et sites de vente en ligne promeuvent ces engagements environnementaux, quitte à les angliciser pour les rendre encore plus attractifs : on utilise les termes upcycling, conscious, care, etc. Les étiquettes des vêtements et les emballages boudent le plastique, se parent de slogans ou labels écologiques connus ou moins connus, ou de jolies couleurs douces ou naturelles qui rassurent la clientèle dans sa volonté d’un achat durable et moins polluant. Si les marques suivent cette tendance et en font un argument marketing, sont-elles pour autant véritablement engagées dans une mode écoresponsable ?

Plus de textiles durables et réalisés de façon responsable ?

Malgré leur volonté, les entreprises de l’habillement proposent toujours à la vente des vêtements confectionnés dans des tissus très polluants, dangereux pour la santé, ou consommateurs d’énergie : le prix doit rester conforme aux attentes de la clientèle. Dans les boutiques, on retrouve donc toujours autant de tissus synthétiques (matières issues de la transformation du pétrole), comme le polyester et l’acrylique et des matières artificielles (matières naturelles transformées par un procédé chimique en fibre textile), telles que la viscose. Elles ne sont pas biodégradables, génèrent des microparticules dans les eaux à chaque lavage et leur fabrication entraîne notamment de lourdes conséquences sur l’environnement. Les marques se rattrapent en proposant des vêtements produits à partir de matières recyclées, mais il ne s’agit parfois que de petites collections capsules.

Le coton, très populaire, est perçu par la plupart des consommateurs comme une matière naturellement écologique. Cependant, il est l’une des fibres textiles les plus polluantes : il nécessite en effet une quantité d’eau et de pesticides très importante pour son exploitation. Même le coton biologique a besoin de beaucoup d’eau pour sa production.

Photo bptakoma, Fleur de coton, CC BY 2.0 via Flickr

L’upcycling, la seconde main, et le recyclage

Avant l’ère du prêt-à-porter et de l’industrialisation, les vêtements étaient, pour la plupart, confectionnés à la main, usés, réutilisés, le tissu récupéré pour un autre usage. Ces dernières années, le fait main et l’esprit récup reviennent de nouveau à la mode sous l’appellation tendance upcycling. Malheureusement, la plupart d’entre nous ne sont pas capables de coudre ou n’en ont pas le temps, alors les enseignes nous proposent de le faire à notre place, en vendant des produits « upcyclés » prêts à la vente.

Les vêtements de seconde main provenant de friperies ou de vide-dressings demeurent l’option la plus respectueuse de l’environnement, à contre-courant du modèle de la fast fashion. Certains sites internet se sont spécialisés dans l’économie circulaire, comme Vinted, mais n’oublions pas que mettre en vente ou acheter un article sur ces plateformes nécessite son transport et implique donc un impact négatif sur l’environnement. Donner ses vêtements à des associations ou se rapprocher des initiatives locales pour les vendre s’inscrit dans une démarche plus équitable et soucieuse de la planète.

Photo Mira Kim, Kyoto, Boutique de vêtements traditionnels japonais de seconde main à Arashiyama, CC BY 2.0 via Flickr

Si un vêtement est trop abîmé pour être réparé, vendu ou donné, diverses solutions existent pour s’en séparer sans qu’il se retrouve incinéré ou enfoui dans une décharge. Des marques ou organismes mettent en place des collectes pour les recycler, cependant la plupart sont envoyés par avion pour être revendus à l’étranger. Des conteneurs de tri pour articles textiles sont aussi aménagés localement dans la plupart des villes. Les textiles composés d’une matière unique, en 100% coton par exemple, pourront être réutilisés pour l’habillement, ceux en mélange de fibres seront transformés en isolants ou serviront de rembourrages pour des produits d’ameublement.

Photo Choo Yut Shing, Benne pour recycler les textiles à Telok Blangah Community Club (Singapour), CC BY 2.0 via Flickr

Si les marques jouent sur la tendance du développement durable pour vendre toujours plus de collections, c’est donc au consommateur de rendre sa démarche shopping écoresponsable en achetant moins de vêtements, de meilleure qualité, et en privilégiant une garde-robe en matières recyclées ou biologiques, ou mieux, de seconde main. Prendre soin de ses habits contribue aussi à améliorer leur durée de vie. S’en débarrasser n’est pas anodin pour l’environnement : il est préférable de se renseigner sur les solutions locales les plus appropriées pour donner, vendre ou jeter une pièce de son vestiaire.

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