
Thérapie sous forme d’écriture. Mia décrit sa relation avec Léo, un homme avec des traits de personnalité narcissique.
Mia et Léo sont séparés depuis presque trois mois. Lorsque des ex-conjoints ont un enfant ensemble, ils sont séparés, mais ils doivent encore se parler…
La séparation de corps est faite. Bientôt trois mois que Léo et moi vivons séparément. La garde partagée. Deux mots qui, for lack of a better word, me font chier. La garde partagée, je trouve que c’est poche, c’est plate, c’est lourd, c’est moche, beurk, beurk, beurk ! Le mépris du partage de la garde de notre fils a fait que j’ai toléré plus de comportements que j’aurais dû dans cette relation.
« Quand est-ce que tu veux voir ton enfant ? » On s’entend qu’avec Léo, ce n’est pas comme si je m’attendais à avoir une garde partagée à 50 % : une semaine avec maman et une semaine avec papa. C’est plutôt une garde complète avec maman, et des « accès » pour papa.
Quand est-ce que tu veux prendre ton fils ? Ou quand est-ce que tu veux le voir ? À chaque fois, je ne sais jamais comment formuler LA question : Quand est-ce que ? Est-ce que ? Tu veux ? Tu peux ? Trop de conjonctions, de ponctuations, de verbes, je ne sais plus…
Depuis notre séparation de corps, Léo a vu notre fils, Seb, environ une fois par semaine. Vers la mi-juillet, deux semaines après son déménagement, c’était la première fois qu’il a gardé notre fils à coucher chez lui pour une nuit. C’est à quoi ressemble notre « garde partagée » pour le moment.
Hier, Léo m’écrit pour me dire que son fils lui manque et qu’il s’ennuie. Je lui demande alors quand il aimerait le voir et il me propose le lendemain. Je lui suggère qu’on se rejoigne après mon travail pour que je lui remette mes clés d’appartement. Il pourra aller chercher notre fils à la garderie et marcher avec lui jusque chez moi. Peut-être aller au parc pour jouer, ensuite rentrer à l’appartement et passer du temps de qualité ensemble.
Je crois qu’il est important pour Seb et son père de garder un lien entre eux, même si nous sommes séparés. C’est pourquoi je suis prête à faire des compromis de ce genre, des accommodements raisonnables. Mon ex n’a pas de voiture et la garderie est près de chez moi. C’est plus facile s’il peut venir à mon appartement pour passer du temps avec son enfant. Pourquoi pas ?
Je rentre chez moi à l’heure convenue. Je montre à Seb une assiette en plastique que j’ai achetée à la pharmacie. C’est une petite assiette avec deux compartiments avec un visage d’ours. Seb trouve drôle de prendre l’assiette, la déposer par terre et mettre son pied dedans. Je lui dis que ce n’est pas de cette façon qu’on utilise une assiette. Je prends l’assiette et je l’apporte dans la cuisine.
Seb prend son père par la main et il le tire jusqu’à la cuisine. Il pointe l’endroit où l’assiette a été déposée. Son père prend l’assiette et la lui donne. Mon fils recommence le même manège avec le pied dans l’assiette, je redis : « Non » un peu plus fermement. Mon fils pleure. Je vous rappelle qu’il a deux ans.
Alors que Seb pleure encore, mon ex fait un geste pour reprendre l’assiette. Je dis : « Qu’est-ce que tu fais ? » Il me répond : « L’assiette est à lui, non ? » Je lui jette un regard de feu et je roule mes yeux.
Je m’agenouille par terre pour être au même niveau que mon fils et je lui parle doucement : « Seb, l’assiette avec le dessin d’un ours, c’est pour mettre de la nourriture dedans, ce n’est pas pour mettre ton pied. Viens, on va regarder dans le garde-manger ensemble pour trouver quelque chose à manger qu’on va mettre dans l’assiette. C’est OK, mon bébé ? » Il s’était calmé, il hoche la tête et me suit dans la cuisine.
Je reviens dans le salon et je dis à mon ex : « C’est une assiette, ce n’est pas un jouet. Seb ne peut pas faire ce qu’il veut quand il veut ». Il me répond : « Moi, je fais ce que je veux quand je veux ».
À suivre…