La Kizomba, danse originaire de l’Angola et pratiquée sur la musique du même nom, Kizomba, est de plus en plus populaire dans le monde. Mais qu’est-elle exactement ? Avec des vidéos qui pullulent sur la toile et font le buzz en défendant et surtout en valorisant voire en dévalorisant cette discipline de la culture Afrolusophone (Cap-Vert, Angola, Mozambique, Guinée-Bissau, Sao Tome et Principes), R Magazine est allé à la recherche d’une personne qui a eu l’initiative de faire connaître cette dernière. C’est alors que Yvon Sanchez, professeur de danse, a accepté de nous parler du groupe qu’il a créé : « Afrolusodance» mais aussi de sa manière de concevoir la Kizomba et bien d’autres choses encore. On vous laisse découvrir son interview ci-dessous.
/Bonjour Yvon, pouvez-vous vous présenter et expliquer votre rôle au sein du groupe Afrolusodance ?
Je suis sénégalais d’origine capverdienne. Je suis le fondateur du groupe Afrolusodance. Cela fait cinq ans que nous avons commencé à faire de la Kizomba. Je promouvois la culture afrolusophone et, en particulier, celle de mon pays d’origine, le Cap-Vert. La danse et la musique sont des outils formidables qui me permettent d’accéder assez vite aux gens.
/Comment définiriez-vous la Kizomba avec vos propres mots ?
Être en symbiose avec son ou sa partenaire.
/Que pensez-vous de la naissance des styles très particuliers de la danse ou de la musique d’un pays à un autre ? Est-ce une déformation positive de la culture ou un danger quant à sa pérennité ?
Il y a une complète méconnaissance de cette culture ; cela ne fait aucun doute. Il suffit juste d’aller sur YouTube pour voir l’étendue des dégâts. C’est une catastrophe tant sur le plan musical que sur celui de la danse. La toute première fois que j’ai dansé la Kizomba, cela remonte presque à vingt ans, à Dakar. La Kizomba est sortie au grand jour en France entre 2010 et 2011 mais il y a toujours eu une communauté de danseurs de Kizomba et de Passada en France sauf qu’elle était très restreinte. En moins de quatre ans, c’est-à-dire entre 2010-2011 et aujourd’hui, on est passé de la Kizomba à la “Kizomba évolutive” ou “Urban Kiz”. Certains veulent faire une démarcation entre les traditionnalistes et les révolutionnaires. Je pense qu’il est temps de remettre de l’ordre dans tout ce “souk”. Et c’est la raison pour laquelle, je m’engage de façon déterminée à lutter avec mes armes que sont la connaissance de ma culture et mon amour, pour rendre pérenne cet héritage, ô combien précieux que mes aïeux m’ont légué.
/Vos artistes, tant sur le plan de la danse que de la musique, de Kizomba préférés ?
Le groupe Kassav m’a beaucoup aidé à comprendre qui j’étais réellement sur les plans musical et personnel. Ils ont su s’imposer dans cet univers musical avec le “créole” sans jamais renier leurs traditions. Je trouve cela formidable. Je pense qu’on peut être moderne tout en restant profondément ancré dans des racines. Ils ont ouvert la porte à d’autres artistes grâce à leur succès et ils ont suscité des passions. À partir de là, pour moi, il était facile de m’ouvrir au reste du monde et de partager ma culture avec les autres. Bien évidemment, il n’y a pas qui Kassav qui m’a influencé. Youssou Ndour a bercé quasiment toute ma vie, ainsi que Salif Keïta, Mori Kanté, Cesaria Evora, Alpha Bondy et beaucoup d’autres encore.
/Quels ont vos maîtres-mots pour danser le Kizomba ?
Simplicité, créativité et joie.
/Une chanson ou une vidéo préférée ?
C’est un hommage de C4 Pedro à Olivier Ngoma, dit Noli, chanteur et guitariste gabonais d’Afro-zouk
Blacky Gyan (Sénégal – Canada)