« La France, tu l’aimes ou tu la quittes » … ou parfois les deux.
On me pose régulièrement une question : « Pourquoi as-tu quitté la France ? »
Je n’ai jamais su, en quatre ans, répondre à cette question, pourquoi après 29 ans à vivre en France, auprès de ma famille, mes ami.e.s, mon petit confort de vie tout tracé, j’ai voulu partir littéralement à l’autre bout du monde et mettre un océan entre mon ancienne vie et la nouvelle ?
Pourquoi j’ai tout voulu recommencer à zéro dans un pays qui n’a de commun avec la France que la langue (et encore) ?
On a tous.tes des raisons de vouloir partir, fuir notre pays. Pour certains, malheureusement, c’est une question de survie, ce n’est pas un choix alors que pour d’autres, c’est pour le travail ou encore pour retrouver sa famille ou l’être aimé. Pour moi, ce n’était rien de tout ça ! Ma vie n’était pas en danger ; je n’ai retrouvé personne au Canada, ni ami.e.s, ni famille, ni amoureux et mes perspectives d’emploi n’étaient pas les meilleures.
Et pourtant, un jour, je me suis réveillée, avec cette envie indescriptible de partir ; j’étais prête, prête à tout laisser, prête à ne pas me retourner, prête à prendre un risque (je ne suis pas non plus partie au fin fond de la forêt amazonienne, sans eau ni électricité, je vous l’accorde), … ; je n’avais juste plus peur.
Quatre ans plus tard, je suis toujours là et certainement pas prête à rentrer dans mon pays. Une immigration, ça bouleverse une vie, ça retarde bien des projets, ça fait se sentir seul.e, très seul.e parfois, ça fait repenser à ses ami.e.s que l’on a depuis toujours et ça engendre la peur de les perdre, ça fait penser à ses parents qui se retrouvent seuls, ça fait s’éloigner de sa culture.
Immigrer, même volontairement, ce n’est pas la chose la plus facile !
En quatre ans, j’ai vécu beaucoup plus de choses que pendant les 29 premières années de ma vie, passant de grande déception à des bonheurs immenses : des montagnes russes émotionnelles.
Et je ne regrette rien ! J’ai rencontré des gens formidables, d’autres un peu moins ; j’ai appris à gérer mes émotions (un peu mieux) et à moins me soucier des petits problèmes de la vie (parce qu’il y en a clairement des plus graves) ; je suis allée au bout de beaucoup de rêves, et j’en ai vu d’autres se briser. Je suis souvent sortie de ma zone de confort, parce qu’être immigrant.e, c’est s’adapter constamment et se renouveler sans cesse.
Être immigrant.e, c’est se sentir différent.e (même pour une française au Québec), devoir apprendre ou réapprendre à vivre d’une autre manière, mais être immigrant.e, c’est aussi un des plus beaux voyages que l’on puisse faire dans sa vie.
Alors pourquoi ai-je quitté la France, un jour ensoleillé du mois d’août 2015 ?
…
Parce que j’étais juste prête à le faire et ne pas me retourner.