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De Hatsune Miku à Amy : L’essor des chanteurs virtuels dans la pop culture

Vocaloid_en_concert

Alors que les médias et les professionnel.le.s de la musique s’interrogent sur l’apparition de morceaux générés par l’intelligence artificielle et la possible disparition des artistes au profit d’avatars virtuels, l’Asie donne à voir ce que pourrait être l’avenir de l’industrie musicale avec ces artistes d’un nouveau genre.

Si la major étasunienne Universal Music Group s’est lancée en 2022 dans l’aventure avec le rappeur FN Meka, le phénomène n’a rien de nouveau en Asie de l’Est. Au Japon, en Chine et en Corée du Sud, les personnages virtuels, créés à partir de technologies d’intelligence artificielle avancées, sont depuis plusieurs années des icônes pop incontournables. Symboles d’une nouvelle ère où la musique rencontre la technologie, leur popularité ne cesse de croître, attirant des millions de fans et générant des revenus colossaux.

Le Japon, pionnier en matière d’artistes virtuels

Depuis près de vingt ans, le Japon se positionne en véritable laboratoire d’innovation dans ce domaine. Dans le pays, les chanteur.se.s virtuel.le.s se comptent par dizaines. Désigné.e.s sous le nom de « Vocaloid », les premier.e.s apparaissent en 2004 lorsque le conglomérat Yamaha Corporation développe un logiciel de synthèse vocale. Le programme permet aux utilisateur.rice.s de composer leurs propres chansons à partir de mélodies et paroles créées par leur soin. Pour ce faire, il propose un piano virtuel pour produire les mélodies et une banque de voix pré-enregistrées pour interpréter les paroles. Ces voix, qui appartiennent à des artistes, deviennent celles des personnages créés pour le produit de Yamaha. À sa sortie, le logiciel contient deux Vocaloids chantant en japonais : Meiko et Kaito et trois autres chantant en anglais : Leon, Lola et Miriam. Conçu.e.s par les entreprises Crypton Future Media et Zero-G Ltd, iels constituent la première génération de Vocaloid. Bien qu’on soit loin des prouesses vocales des avatars numériques actuels, les voix laissant peu de place aux doutes quant à la nature inhumaine des interprètes, ces chanteur.euse.s 2.0 ont su conquérir le public nippon et international. En effet, certain.e.s d’entre elle.eux sont des superstars.

CD logiciel Vocaloid

The world is hers

En tête de gondole, il y a Hatsune Miku. Un nom qui n’a pas été choisi au hasard, puisqu’il signifie « premier son du futur » en japonais. La Vocaloid, commercialisée en 2007 et dont la voix est celle de l’actrice Saki Fujita, est progressivement devenue très populaire au Japon, puis dans le reste du monde. Sur Internet, des fanarts (œuvres réalisées par les fans) et des chansons chantées par Hatsune Miku pullulent. Des vidéos, créées par les fans et dans lesquelles la chanteuse à la chevelure bleu turquoise et au look d’écolière chante et danse, atteignent les millions de vues sur YouTube. Les tubes « World is mine », « Levan polka » et « Po Pi Po » font partie des plus populaires sur la plateforme. Cette notoriété la transforme en une figure de la pop culture.

Hatsune Miku

Entre figurines, mangas et jeux vidéo à son effigie, produits cosmétiques et campagnes publicitaires pour des marques, les produits dérivés sur le personnage élaboré par Crypton Future Media ne manquent pas. Comme n’importe quel.l.e autre interprète, la popstar numérique se produit en concert. Accompagnée par de vrai.e.s musicien.ne.s, Hatsune Miku est présente sur scène sous la forme d’un hologramme projeté sur un grand écran. Qu’elles soient en Asie, en Amérique du Nord ou en Europe, les tournées réunissent une foule de fans. Un succès international qui se confirme en 2014 quand la chanteuse virtuelle réalise, pendant plus d’un mois, la première partie de la tournée mondiale de Lady Gaga. Six ans plus tard, le festival Coachella annonce qu’elle performera le premier jour de l’édition 2020. Une performance qui n’aura finalement pas lieu, l’édition étant annulée pour cause de pandémie de Covid 19.

Hatsune Miku en concert (2022)

Un écho dans les pays voisins

Et ce succès fait des émules. Début janvier 2023, l’agence coréenne Metaverse Entertainment lance MAVE, un girl group entièrement composé de membres fictifs. D’un point de vue esthétique, Siu, Zena, Tyra et Marty ressemblent à s’y méprendre aux idoles de K-pop « classiques ». Elles adoptent les mêmes looks et les mêmes codes. Une stratégie qui porte ses fruits, car elles reçoivent un accueil chaleureux à en croire le nombre de vues de leur premier clip, mais aussi les commentaires élogieux relevés par le site K-Sélection. De son côté, le girls band aespa a plutôt misé sur une composition mixte. Les quatre membres partagent la vedette avec leurs équivalents virtuels, les « ae ». Plus que de simples doubles, il s’agit pour Karina, danseuse et rappeuse principale, de membres à part entière. C’est « un girls band de huit membres », considère-t-elle selon l’agence de presse Yonhap. Le nom du girl group, contraction des mots anglais « avatar, expérience et aspect », illustre le concept à l’origine de la création de ce groupe fondé par l’agence SM Entertainment. Pour son ancien PDG, Lee Soo-man, aespa représente les changements à venir : « Il projette un monde futur centré sur les célébrités et les avatars, transcendant les frontières entre le monde réel et le monde virtuel ».

aespa

Des frontières qui ne cessent d’être repoussées comme le montre la télévision chinoise. En 2020, un télé-crochet musical un peu spécial fait son apparition. Sa particularité ? Tous.tes les candidat.e.s n’existent pas, ce sont des personnages en 3D. L’émission nommée « Dimension Nova » est la première du genre. Celle-ci a été suivie par 390 millions de Chinois. Les téléspectateur.rice.s ont notamment apprécié la chanteuse Amy. Âgé de 19 ans, l’hologramme dispose d’une grande communauté de fans qui se questionnent parfois sur leur passion pour l’idole. « Je n’arrive toujours pas à savoir si j’aime l’image d’Amy ou la personne humaine qui se cache derrière elle », admet Liu Jun au micro de France Info. Comme lui, beaucoup d’autres Chinois se passionnent pour ces e-artistes. Après l’Asie, ces stars réussiront-elles à conquérir l’Europe et l’Amérique ?

Sources :

Crédits photos :

  • Photo de couverture « Vocaloid en concert » / Capture d’écran de la vidéo de la chaîne YouTube Unmotivated
  • Photo « CD logiciel Vocaloid » / Antre du vieux schnock
  • Photo « Hatsune Miku » / Wikipédia
  • Photo « Hatsune Miku en concert (2022) » / Capture d’écran de la vidéo de la chaîne YouTube Unmotivated
  • Photo « aespa» / Db Kpop
  • Photos « émission chinoise » / Capture d’écran des vidéos de la chaîne YouTube IQIYI

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