La CALMA SÃO PAULO, une marque brésilienne, née en 2018 avec l’objectif de créer la mode telle que les gens qui la portent : unique, colorée, joyeuse et faite avec beaucoup d’amour.
Kelly Kim et Adrien Gingold sont partenaires dans la vie et dans le business. L’idée de l’entreprise leur est venue au cours de leur lune de miel peu conventionnelle : un voyage de presque un an à travers différents pays d’Asie, tel que l’Inde, le Sri Lanka, le Viêtnam, la Thaïlande et le Laos. Tantôt en bus, tantôt en moto, sur la route ou en travaillant en tant que bénévole, ils ont pu observer, étudier et s’imprégner d’idées. Au Nord du Viêtnam, près de la frontière avec la Chine, ils ont rejoint pendant quelques semaines une coopérative de femmes qui fabriquaient des vêtements avec la fibre de chanvre, cousin moins ludique et plus textile du cannabis. C’est ici que Kelly, après vingt ans passés dans le milieu de la mode, a pu repenser tous les aspects et valeurs de son métier : les couleurs et les textures, le soin de la création dans toutes ses étapes, le respect envers chaque morceau de tissus, … Au retour à São Paulo, elle et son mari ont décidé de créer une marque qui refléterait la sérénité qu’ils ont connu dans ce coin du monde.
Or, les habits unisexes et ultraconfortables de la marque, quand on les regarde sont bien colorés pour être synonyme de calme : c’est un carnaval de couleurs et de motifs que Kelly et Adrien – qui se sont d’ailleurs connus durant un carnaval à Rio – n’hésitent pas à mélanger et à superposer dans les combinaisons que je ne pensais pas possible.
Je dois avouer que pour moi qui adore être serrée dans un jean, complété par un top monochromatique, avec un net penchant pour le blanc et le gris, ma première rencontre avec la Calma São Paulo a été légèrement déstabilisante. Mais ce sentiment n’a pas duré longtemps : vous pouvez tout comme moi, avoir les préférences stylistiques les plus classiques, il est impossible que vous ne tombiez pas amoureux de la joie qu’apporte cette marque.
La Calma São Paulo possède un grand pouvoir libérateur. Dans ses vêtements, on se sent bien et on se sent comme cocoonné. La liberté s’étend du corps jusqu’à l’esprit, car porter un kimono rose estampé de pois blanc démesuré avec un pantalon fleuri, c’est bien manifester au monde ce que vous en pensez du conservatisme de la fashion society. Dans les mains de Kelly et d’Adrien – et aussi dans leur présence décontracte et pleine d’humour – la mode devient un jeu, avec peu de règles et encore moins de frontières.
Autre chose que ce couple franco-brésilien a importé du voyage en Asie, c’est le concept de l’universalité : les créations sans genre et pour tous les types de corps. Avec un seul sac à dos et par conséquent à l’espace de stockage limité, ils ont porté pendant les onze mois de voyage la même garde-robe, en parfaite solidarité et malgré leur différence de taille notable. Cette interchangeabilité et polyvalence, dans tous les sens de ces mots, sont devenues les devises de leurs collections.
Adrien dévoile quelques détails de leurs débuts : « On a commencé à bosser à la maison, tout simplement par facilité, parce qu’on n’avait pas de quoi se louer un atelier, et puis au début c’était vraiment tout petit [l’entreprise]. »
Mais ils avaient ce qu’il leur fallait pour réussir. Kelly, grâce à sa formation et de diverses spécialisations, assure toutes les étapes de la création, depuis la recherche des tendances jusqu’à la confection de la pièce.
« On faisait tout dans notre atelier chez nous… Bon, en même temps, il ne faut pas grand chose : un peu de tissu, des modelages, des ciseaux et une machine à coudre, pour voir si ce que tu as imaginé donne concrètement quelque chose d’intéressant ou pas. Comme ça Kelly travaille et retravaille, jusqu’à en arriver à un modèle qui lui plaît, qui convient à tous les corps qu’elle a envie de vêtir. »
De son côté Adrien, avec dix ans d’expérience en journalisme, a fait le nécessaire pour que la Calma São Paulo gagne en notoriété.
Pendant le confinement du Covid, la marque a fonctionné en ligne, et aujourd’hui elle a finalement pu ouvrir sa boutique physique au cœur du quartier Vila Madalena à São Paulo.
À ce jour, Kelly continue à s’occuper de la création, production, direction, découpage de tissus, mixage d’estampes, organisation, … Adrien assure l’administration, essayage, approbation, divulgation, promotion, diversion, … L’équipe se compose de cinq autres membres qui prennent soin de tous les grands détails : depuis les boutons et les étiquettes, jusqu’à l’interaction avec la communauté de clients.
Toutes les étapes de la fabrication se font au Brésil. La marque travaille avec les ateliers de tissus locaux ; ensemble, ils développent les designs et les estampes exclusifs, d’inspiration propre ou bien en partenariat avec des artistes, eux aussi brésiliens. Le tissu de prédilection est la viscose : frais et léger, il est le plus agréable à porter dans un climat tropical.
La seule chose qui n’est pas brésilienne chez la Calma São Paulo, c’est Adrien, et encore. Originaire de Paris, après plusieurs années sur le continent Sud-américain, il se fond maintenant dans la jungle urbaine de São Paulo. Kelly est cent pour cent brésilienne, mais comme c’est souvent le cas ici, cela ne simplifie pas les choses pour autant : dans ses veines, circule le sang coréen, paraguayen, et de là aussi espagnol et amérindien.
Les collections de la Calma São Paulo changent pratiquement tous les mois et elles sont faites de manière à se compléter et à combiner les unes avec les autres. Car dans la Bible de Kelly et d’Adrien, un vêtement fait partie de notre histoire. Il ne se perdra jamais au fond de l’armoire, tel le top acheté aux grandes griffes de la production massive. Le couple prône moins de textile dans la garde-robe, mais plus d’affection pour chacune de ses pièces.
La pièce la plus emblématique, que la Calma São Paulo a réussi à populariser, est le kimono. Encore une fois, c’est une étoffe hyper-polyvalente, qui en quelques secondes peut se transformer en trois ou quatre out-fits différents. La nouveauté la plus récente est le manteau pour le petit hiver brésilien, qui ici à São Paulo, à 800 mètres d’altitude, peut se faire sentir de temps à autre (comme par exemple ce matin où il a fait 13 degrés).
Les chemises, les pantalons, les shorts, les kimonos, les masques etc., tout est fait avec un soin presque tangible. Tout au début la Calma São Paulo ne produisait que des pièces uniques, coupées et cousues par Kelly. Bientôt, cette échelle de production est devenue impossible, due à la basse rentabilité par rapport à la quantité de travail investie. Mais même aujourd’hui, les collections continuent à se faire en quantité très limitée et d’une manière artisanale. Plus que par les machines, les diverses pièces passent par les mains. Et c’est ainsi que la marque prévoit de continuer dans le futur : manuel, à l’échelle humaine, local et durable.
À part cela, pas de projets fixes, car Kelly et Adrien, désirent de rester libres : « On a envie d’aller voyager deux mois à New York, si on a envie de voir ce qui se fait de nouveau à New York et revenir avec d’autres idées ; ou bien pouvoir demain faire une serviette de toilette ou des tongs, si on a envie de changer… On ne veut pas s’investir dans quelque chose dont on devient les prisonniers. »
Peut-être une ou deux petites nouvelles pièces vont apparaître dans les collections. Mais Kelly a travaillé si longtemps dans les compagnies qui fabriquaient d’immenses quantités de modèles, pour savoir que plus il y a de pièces, plus c’est compliqué. La Calma São Paulo préfère de continuer avec un petit stock qu’elle soit capable de vendre jusqu’à la dernière pièce et puis continuer à travailler sur les projets qui leur plaisent.
« On préfère faire peu et bien ! »
Nous sentons bien que derrière la Calma São Paulo se cache une véritable Alma (âme en portugais).