Scroll Top

Brésil : Queimada Grande, l’île des serpents !

Lîle de Queimada Grande se situe au Brésil dans la municipalité d’Itanhaém, à une trentaine de kilomètres de São Paulo. Elle a une superficie de 430 000 mètres carrés et, à première vue, ressemble à un petit paradis tropical. Je vous déconseille, cependant, d’aller y passer vos vacances…

Queimada-Grande.jpg

Une île envahit de serpents

Queimada Grande est aussi appelée « l’île aux serpents » en raison de la population qui l’habite. Un reportage de Discovery Channel parle d’un serpent par mètre carré, soit quelques milliers sur toute l’île. Ces animaux ont envahi l’île : ils sont sur la terre, sur le sable, dans les arbres et même dans le vieux phare. Par son titre d’île la plus dangereuse du monde, elle est inhabitée par les humains. Seuls les chercheurs et les biologistes de l’Institut Butantan d’herpétologie ont le droit d’y accoster. En étudiant leur puissant venin, ils espèrent l’utiliser dans l’industrie pharmaceutique. Il serait particulièrement efficace contre les maladies cardiaques et les cancers. La marine brésilienne s’aventure aussi sur ce territoire, une fois par an,  pour entretenir le phare. Toute personne se rendant sur l’île doit être accompagnée par un médecin. Le Service mobile d’urgence (SAMU) est averti à chaque sortie des gestionnaires et des chercheurs sur l’île.

Jararaca-ilhoa1.jpg

Un serpent unique au monde

Les serpents présents sur l’île sont tous d’une famille nommée viperidae, elle comprend les vipères et les crotales. Cette espèce se rencontre en Colombie, Equateur, Pérou, Brésil, Costa Rica, etc… dans les forêts tropicales.

Le Jararaca-ilhoa, quant à lui, est présent uniquement sur l’île de Queimada Grande. Quand ce territoire est devenue une île, il y a 11 000 ans et que le niveau de la mer est drastiquement monté, les serpents présents ont été isolés de la côte brésilienne. N’ayant aucun concurrent ou prédateur, ces reptiles se sont reproduits très rapidement. Ils ont aussi appris à s’adapter aux nouvelles contraintes. Très bons nageurs et agiles pour escalader les arbres, le terrain n’est pas un problème. Les proies évoluant sur le sol sont absentes sur cette île. Leur principale source de nourriture est donc les oiseaux. Le serpent attaque sa proie, la mord et attend que le venin se propage.

Les oiseaux ont le temps de s’envoler avant que la toxine les tue. Le venin des Jararaca-ilhoa a donc évolué pour devenir l’un des plus puissants du monde. Son venin est cinq fois plus rapide que ses cousins continentaux. De couleur jaune-dorée et long de deux mètres une fois adulte, ce serpent est extrêmement dangereux pour l’Homme et est capable de dissoudre sa chair. Une morsure peut l’achever en moins d’une heure. De sombres anecdotes circulent au sujet de ceux qui ont tenté de progresser sur l’île :

  • Un pêcheur venant d’accoster aurait été retrouvé mort dans son bateau. Il baignait dans son sang et son corps était recouvert de morsures de vipères.
  • Une dizaine de personnes ayant pour tâche de construire et faire fonctionner le phare entre 1909 et 1920 seraient mortes, mordues pendant leur sommeil. Les vipères se seraient glissées par les fenêtres du phare. Ce sont les derniers habitants, le phare a été automatisé depuis.

 

Marché noir

Le Jararaca-ilhoa est si unique que des braconniers appelés « biopirates » se rendent sur l’île illégalement, capturent des reptiles et les revendent sur le marché noir. On estime que l’animal peut se vendre entre 10 000 et 30 000 dollars. Les acheteurs sont, le plus souvent, des collectionneurs –fous- ou des chimistes en biopharmaceutique, intéressés pour des raisons scientifiques. Depuis 2014, un travail de surveillance a commencé à être effectué. La population est vérifiée régulièrement. Si elle est à la baisse, les chercheurs étudient les causes et adoptent les mesures nécessaires pour préserver l’espèce.

 

L’isolement de cet animal le rend vulnérable car, vous l’aurez compris, il n’existe aucun autre serpent de cette espèce ailleurs dans le monde. Certains ophiophobes seraient ravis de leur disparition, pourtant, ce serait une triste perte pour la biodiversité mondiale et plus particulièrement celle du Brésil.

 

Laura Bonnieu (France – Canada)

Publications similaires

Laissez un commentaire