Noks, jeune auteure française, fait de sa poésie, une réflexion sur les dysfonctionnements sociaux. Elle est notamment connue pour son premier recueil : Les envers.
Cher lectorat, je vous présente Noks qui est une jeune auteure française dont la verve poétique ne semble connaître aucune limite car selon elle, la poésie ne connaît pas de finitude. Si on devait définir la sienne, on serait bien en peine de le faire tant la profondeur littéraire et philosophique échappe à toute catégorisation.
Elle a publié le recueil Les Envers à compte d’auteur. La particularité de son œuvre se situe dans sa volonté de brosser un panorama des questions sociétales et d’y délivrer, avec la finesse de son style, les contradictions régissant notre société contemporaine. Et cette poésie nous figure l’alliance entre la musique et la métaphysique. C’est dans le cadre de son travail littéraire que je vous présente cette poétesse prometteuse qui nous offre un temps d’introspection bienvenue dans les tourbillons et les méandres de la situation actuelle.
En exclusivité pour R Magazine, Noks a accepté de revenir sur son processus créatif et poétique qui gouverne l’écriture de ses recueils.
Interview
R Magazine : Pourquoi as-tu choisi de répondre à notre interview ?
Noks : J’ai rencontré ce média par ton biais et sachant que je suis en confiance avec toi, je suis allée jeter un coup d’œil numérique sur le site. Le croisement entre « les femmes » et « les Afriques » m’a, bien sûr, fait écho, puisque je me définis, entre autres, comme étant une femme française d’origine malienne. Et, les écritures multiples que j’y ai retrouvées, sur les thèmes de l’art, de la société et des parcours de vie singuliers ont prolongé mon intérêt pour R Magazine. Et tout ça en toute indépendance !
R Magazine : Comment définirais-tu ton art poétique, quelles en sont les principales caractéristiques ?
Noks : Je ne veux pas catégoriser ma poésie. Catégoriser l’art, c’est le restreindre par confort. J’espère que ce que j’écris peut permettre de saisir une liberté que l’on n’a pas forcément tous les jours. J’écris, d’abord, pour moi, parce que si ça ne sort pas, je n’arrive plus à respirer. J’essaie par les mots de reconnecter peut-être les choses entre elles : l’humain à son corps, l’animal à la nature, la beauté à l’horrible, le cruel au magnanime… tout cela qui semble dualité, mais pour lesquels je crois que je sens une unité. En somme, sans prétention, j’écris ce que je sens : une confrontation du soi au monde.
R Magazine : Quel est le rôle de l’art ?
Noks : Je ne sais pas s’il y a une nécessité que l’art doit porter, fondamentalement. Mais s’il est là, si chaque personne, d’une manière ou d’une autre, l’exécute, c’est que l’art a ses raisons d’être. L’exécute dans ses deux sens : réaliser et tuer. La vie et la mort.
Pour ma part, il me crée une fente intemporelle et en dehors de l’espace. Il fait prendre de la distance avec la réalité, même, c’est tout un autre monde en soi ! Mais bien sûr, habitante du monde, je parle avec mon corps social, mon identité, mon passé, mes désirs… donc depuis ce monde où l’art se confectionne, il y a un cordon avec la vie.
R Magazine : Quel est le nom de ton prochain recueil de poésie ?
Noks : Je confectionne un recueil de poésie, « …et je fais une sieste au bord de l’infini », que j’ai commencé en 2018. C’est ce souffle que je porte, mais la poésie est toujours changeante ! Que ce soient le titre, les mots, l’élan… La poésie ne se clôture vraiment jamais : j’ai auto-publié en 2017 un recueil de poésie, fruit de plusieurs années d’écriture, mais les textes se chevauchent. Le recueil en cours fait un peu partie de mon premier recueil Les envers, comme son enfant.
R Magazine : Quelle était ta représentation du poète avant de vouloir te lancer dans le domaine de la poésie ?
Noks : Je ne me suis pas lancée dans la poésie, c’est elle qui est venue à moi. Moi, je n’ai fait que l’aimer… avec violence.
Comme tous, l’école a façonné une idée très pédagogue, d’abord, puis inaccessible de la poésie. On parlait des poètes morts, torturés mais glorieux, mais pas des vivants. J’avais donc cette expérience en tête. Depuis mes douze ans, j’écrivais plutôt de la prose : fictions ou réalités. Puis vers mes quinze-seize ans, j’ai laissé entrer la poésie dans mon intimité, et plus seulement par l’école. J’ai lu beaucoup Charles Baudelaire, Edgar Allan Poe, Théophile Gautier, par exemple. L’école parnassienne, enfin l’école des orfèvres, m’a parlé. Aujourd’hui, je me suis nourrie des poètes que l’on ne nous dit pas à l’école.
R Magazine : Qu’est-ce que tu veux qu’on retienne de ta poésie ?
Noks : Si le lecteur retire quelque chose, je serais déjà heureuse ! Si ça fait vibrer quelque chose à l’intérieur, si ça fait chanter ou danser, ou rêver ou étreindre, caresser, palper, frémir, pleurer, souvenir, projeter… Enfin, si en lisant quelques mots que j’écris, ça fait un mouvement à l’intérieur, alors c’est bon.
En conclusion, si vous souhaitez lire les œuvres de Noks, vous vous laisserez enivrer de sa poésie qui redéfinit la notion de l’imaginaire et la stature du poète, tranchant de façon claire avec la vision romantique, où le poète est enfermé dans sa tour d’ivoire. En lisant cette interview, cela devrait vous inciter à lire son œuvre.
Cette rencontre tente de retracer et de définir les contours de la poésie. À travers son recueil Les Envers qui apparait comme le premier jalon de son art poétique et au travers de cette interview, Noks nous révèle l’importance de la place que devrait prendre la poésie dans la pensée française, comme un des poètes modernes Patrick Charles qui dans Les murmures du silence expose la même question. Cette question de la place du poète et de la littérature dans son ensemble apparaît comme l’un des principaux enjeux de la transmission du savoir pour les jeunes générations d’auteures qui essaient de se réapproprier la notion même de patrimoine.
Bibliographie
- Noks, Les envers, collection L’autre bout du monde – The Book Edition – 2018.
- Sénobé, …et je fais une sieste au bord de l’infini [en cours]