Karine Martineau – Madjin – est une artiste peintre engagée qui, à travers ses créations aux couleurs vives et colorées, parle des femmes. Elle fait la part aux femmes sous-représentées ou appartenant à des minorités ethniques. Pour R Magazine, elle se raconte et dévoile son parcours pour notre plus grande curiosité.
Karine Martineau, de son nom d’artiste, Madjin, crée des peintures à la fois colorées, chaleureuses et engagées qui nous transportent dans son univers empli de voyages et de découvertes. Diplômée des beaux-arts de Nîmes et de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Karine a été menée jusqu’en Chine par sa passion de la peinture et du dessin. Elle a accepté de répondre à nos questions, nous dévoilant ainsi les coulisses de ses œuvres, ses inspirations ou encore son processus de création.
Depuis quand peignez-vous ?
Je peins depuis l’adolescence et je dessine depuis que je peux tenir un crayon donc cela fait une trentaine d’années pour le dessin et une vingtaine, pour la peinture.
Enfant, je ne me déplaçais jamais sans mon carnet de croquis.
Comment est-ce que votre parcours personnel a influencé votre travail ?
J’ai eu la chance de beaucoup voyager tout au long de mon enfance et de mon adolescence : Zimbabwe, Mozambique, Égypte, Maroc, Tunisie, Grèce, Italie, Portugal, Brésil, Mexique ; ce qui m’a permis d’avoir une ouverture sur la beauté du monde et de susciter un intérêt pour la diversité culturelle.
Pourquoi vos modèles sont-ils majoritairement féminins ?
Étant une femme, c’est ce que je connais le mieux. Je souhaite aussi faire ressortir la force que chaque femme a au fond d’elle et montrer la beauté dans la diversité des femmes du monde. Je trouve aussi que les courbes et les formes féminines sont très intéressantes à travailler en dessin.
De plus, je me représente dans chacune des femmes que je crée même si elles ne sont pas du type caucasien, car j’ai toujours voulu ressembler à ma grand-mère maternelle qui est indienne. Je pense que mon intérêt pour les autres cultures provient justement de là. Enfant, j’adorais écouter les histoires incroyables de son passé lorsqu’elle habitait en Inde. Et pour la petite histoire sur la genèse de mon nom d’artiste qui est mon deuxième prénom : c’est un mélange de son prénom ainsi que de celui de mon autre grand-mère. Ce fut une invention de mon père. Ma mère également a un prénom indien : Venita.
Quels sont les différents supports sur lesquels vous travaillez ?
Je crée des peintures sur toile recyclée qui mêlent abstraction et figuration. J’aime effectivement récupérer des vieilles toiles abandonnées dans la rue, car il est important pour moi de recycler afin d’éviter le gaspillage et la pollution. Par ailleurs, j’adore laisser des traces de l’ancien propriétaire de la toile pour garder en mémoire celles du passé. Il m’arrive aussi de peindre des murales, car j’adore créer une œuvre qui s’approprie notre environnement quotidien.
Je fais également des illustrations sur papier à l’aquarelle, à la ligne style line art et des portraits très réalistes en noir et blanc.
Quels techniques et instruments utilisez-vous pour votre travail ? Varient-ils en fonction du message que vous souhaitez faire passer dans vos créations ? Et d’ailleurs, quels sentiments et émotions voulez-vous provoquer au travers de vos œuvres ?
Je choisis la technique en fonction de ce que je souhaite transmettre. J’ai récemment créé une œuvre intitulée Je me souviens, qui contient une série de portraits, les uns écrits et les autres constitués de dessins réalistes de personnes âgées. Dans ladite série, je rends hommage à ma grand-mère maternelle. Je souhaite créer un dialogue avec le public et lui donner l’impression de connaître mes portraits quand il les regarde ou du moins, que ces portrait très réalistes lui procurent le sentiment de vraiment exister. Effectivement, je tiens à ce que mes toiles apportent joie, bien-être mais également une touche de vie et bien évidemment de couleurs dans le quotidien des gens, que mes œuvres les fassent voyager. Étant une personne sociable intéressée par l’autre dans toute son originalité et sa différence, il est primordial pour moi de créer ce lien de connexion.
Lorsque je crée des illustrations de danseuse de style line art, j’aspire à prodiguer de la légèreté contrastant avec mes peintures sur toile qui sont très vives et chargées en textures et en couleurs.
J’alterne entre mes créations sur papier et celles sur toile et souvent, je m’inspire d’une illustration pour en faire une toile.
Une prédominance des couleurs vives et des tons chauds dans vos créations ! Pourquoi ?
Mes voyages en Afrique en sont la cause : les couleurs chaudes contrastent avec les tons froids. Toutefois, je dirais que j’affectionne particulièrement le bleu outremer et le bleu turquoise qui me rappellent mon lieu d’enfance, Montpellier, au bord de la mer Méditerranée. À cela, j’ajoute des touches de couleurs chaudes pour le contraste. J’adore créer ce dernier et faire ressortir les couleurs vives ; cela me procure beaucoup de bien-être.
Quel serait le bon qualificatif pour vous qualifier en tant qu’artiste ?
Je me décris comme une artiste pluridisciplinaire, à la fois, illustratrice, peintre et muraliste. J’aime la matière et la couleur. J’aime les gens et parfois mon art devient un art relationnel comme pour mon œuvre Je me souviens qui ne pouvait se réaliser sans les participants. Je viens de découvrir le dessin numérique et je pense que cela pourrait m’apporter une ouverture ; c’est un bel outil à utiliser avec mes créations réalisées de manière traditionnelle. Dernièrement, j’ai créé deux bodypainting et j’adore explorer de nouveaux horizons.
Quelles sont vos influences, vos inspirations ?
J’adore les portraits de Tituan Lamazou et les bodypainting d’Alexa Meade. Les travaux de nombreuses artistes féminins comme Johanna Tordjman, Sandra Chevrier ou encore Bisa Butler et ses créations sur tissu m’inspirent.
Pour les artistes plus anciens, je reste profondément marquée par ma visite lorsque j’étais adolescente au musée de l’Orangerie où j’ai pu admirer les Nymphéas de Monet.
De prochaines expositions ?
Je devais exposer mon œuvre Je me souviens à McGill, mais elle a été repoussée à cause de la pandémie. J’expose certaines de mes toiles dans un café-restaurant à Villeray depuis un an et dans plusieurs cliniques privées. Toutefois, je vais sûrement exposer dans d’autres lieux cette année. Et c’est, d’ailleurs, la raison pour laquelle j’ai pris un petit contrat en enseignement des arts au primaire afin de me consacrer avant tout à ma carrière artistique.
Des projets ?
Je veux continuer à créer des bodypainting ; cela est très inspirant de collaborer avec d’autres personnes. Cela me sort de ma zone de confort et cocréer est très stimulant et enrichissant. Je souhaite contacter les galeries afin d’avoir une meilleure visibilité de mes peintures et répondre à des appels d’offres pour exposer dans des lieux culturels. Je vais continuer à créer afin de vivre de mon art.
Une devise dans la vie ?
Carpe diem ! Profiter de la vie et qui ne tente rien n’a rien.
Comment avez-vous connu R Magazine et qu’est-ce qui vous y a plu ?
Je l’ai connu à travers Facebook et je trouve que c’est une très belle initiative de mettre en valeur des artistes peu connus, car c’est plutôt rare d’avoir cette visibilité.
Un mot pour conclure ?
L’Art, c’est la vie donc on en a besoin pour exister et se sentir vivant.
Merveilleux portrait de Karine Martineau qui nous donne envie de mieux connaître son Art… Merci DGeisen
Merci pour ce beau commentaire. Karine fait effectivement un travail extraordinaire